La prospective est une discipline indispensable pour comprendre les évolutions du monde. Gavroche a la chance de pouvoir compter sur les analyses de Ioan Voicu, ancien ambassadeur de Roumanie en Thaïlande. Selon lui, des développements significatifs dans le domaine de la diplomatie multilatérale sont à nouveau visibles au siège des Nations Unies à New York. Le 19 janvier 2022, Abdulla Shahid, président de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU), a organisé une séance informelle à la suite de la résurgence de la COVID-19. Cet événement n’a pas été médiatisé par les grands médias.

Vers une vaccination universelle

Le président de l’AGNU a annoncé que le premier événement de haut niveau à être convoqué cette année portera sur “Galvaniser l’élan pour la vaccination universelle” et aura lieu le 25 février. À son avis, la communauté mondiale doit faire preuve de diligence raisonnable pour accélérer la production et la distribution de vaccins, supprimer les obstacles au déploiement et s’engager en faveur de l’équité en matière de vaccins.

La pandémie de COVID-19 pourrait maintenant dominer les gros titres mondiaux. Mais nous pouvons être rassurés par le fait que toutes les pandémies finissent par se terminer. Alors que nous nous efforçons de nous remettre de la Covid, nous devons également nous concentrer sur une meilleure reconstruction.

Il a souligné le fait que dans tous les efforts de l’ONU il y a une constante qui doit être présente : l’espoir.

Les tâches qui attendent l’organisation mondiale sont redoutables. Pourtant, le cynisme n’offre aucune solution. Le cynisme est une voie vers l’inaction. “Si nous y cédons, nous serons bercés par la complaisance, dans la fausse croyance que nos actions n’ont pas d’importance et que nous ne pouvons qu’attendre l’inévitable”. Par conséquent, Abdulla Shahid a souligné la valeur de l’espoir en affirmant que grâce à l’espoir « Nous pouvons vaincre cette pandémie, réaliser la vaccination universelle, protéger la planète, récupérer durablement, promouvoir les droits de l’homme et revitaliser les Nations Unies. Grâce à l’espoir, nous pouvons jeter les bases d’un avenir meilleur et bâtir sur cette vision ».

La réaction diplomatique de l’ASEAN

Réagissant à cette déclaration, le Cambodge, s’exprimant en tant que président de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), une organisation régionale dont la population totale est estimée à 661,5 millions d’habitants, a apprécié le président de l’AGNU « pour ses priorités capitales et perspicaces pour la période restante de la 76e session… sous une présidence de l’espoir ».

Du point de vue des dix pays membres de l’ASEAN, les priorités sont :

Alors que la pandémie de COVID-19 continue de poser d’énormes défis à chaque pays, la distribution équitable des vaccins COVID-19 reste un défi de taille, en particulier pour les pays en développement. À cet égard, l’ASEAN appelle à une plus grande solidarité et coopération internationales pour faire face à cette crise sanitaire mondiale, notamment par le biais du multilatéralisme en matière de vaccins.

L’ASEAN estime en outre que les vaccins contre la COVID-19 devraient être mis à la disposition de tous et abordables en tant que biens publics mondiaux. Une distribution juste et équitable des vaccins contre la COVID-19 doit être assurée, en particulier pour les pays à revenu faible et intermédiaire les plus vulnérables. Les leçons apprises devraient être mises en œuvre pour faire face aux conséquences de la pandémie de COVID-19 par le biais d’une approche à multiples facettes. Cela devrait être la clé « de notre forte reprise ensemble, ne laissant personne de côté cette année et dans les années à venir ». L’ASEAN l’a déjà annoncé : « nous attendons avec impatience la convocation du débat thématique de haut niveau intitulé « Galvaniser l’élan pour la vaccination universelle » qui serait l’occasion de renouveler les engagements politiques pour parvenir à la vaccination universelle dans les plus brefs délais ».

Selon l’ASEAN, les efforts de relance, qui restent une priorité absolue, doivent reposer sur la façon dont la pandémie de COVID-19 a transformé notre façon de penser et d’agir et sur une stratégie de sortie pour une reprise socio-économique à long terme de cette pandémie.

Concrètement, l’ASEAN s’est engagée à poursuivre les efforts actuels pour revigorer des économies durables et résilientes en améliorant à l’échelle mondiale des mesures coordonnées pour restaurer et faciliter la circulation transfrontalière des personnes et des marchandises en toute sécurité grâce au commerce, à l’investissement et au tourisme afin d’ouvrir progressivement les pays et toute la région.

L’ASEAN accélérera et harmonisera davantage les efforts de rétablissement de la COVID-19 en mettant l’accent sur ses propres initiatives , en particulier celles décrites dans le cadre de rétablissement global de l’ASEAN qui sert de stratégie de sortie consolidée de la région de la pandémie de COVID19. À cet égard, l’ASEAN est impliquée dans la préparation du débat thématique de haut niveau intitulé “Reprise durable du COVID-19 par le tourisme” en avril de cette année.

D’un point de vue global, l’ASEAN se félicite de l’adoption consensuelle de la résolution procédurale de l’AGNU intitulée Suivi du rapport du Secrétaire général intitulé « Notre programme commun ». L’ASEAN est prête à participer au suivi de la résolution en vue d’accélérer la mise en œuvre complète et en temps voulu des cadres convenus, y compris l’Agenda 2030 pour le développement durable et les objectifs de développement durable, ainsi que l’Accord de Paris.

Relever les défis ensemble

Le Cambodge a rappelé  qu’il occupera en 2022 la présidence de l’ASEAN sous le thème “ASEAN ACT: Addressing Challenges Together”. (Relever les défis ensemble). Le thème souligne l’importance de l’esprit de l’ASEAN en tant que famille unie, avec un fort sentiment d’unité dans l’action conjointe pour obtenir des résultats afin d’atteindre des objectifs communs.

Il est important de préciser que par  « Togetherness » ,’ASEAN met l’accent sur la centralité, l’unité et la solidarité dans  une interprétation fonctionnelle  pour relever les défis régionaux et renforcer la contribution de l’ASEAN à la paix, à la stabilité, à la sécurité et au développement durable régionaux et mondiaux.

Les efforts de l’ASEAN contribueront certainement aux efforts mondiaux plus larges pour se remettre de la pandémie de COVID-19 et à l’action conjointe pour la paix et le développement dans le monde.

L’ASEAN continuera de travailler avec le bureau du président de l’Assemblée générale pour une année 2022 productive, y compris sur la coopération ASEAN-ONU. Cette année, le Cambodge, en tant que président de l’ASEAN, facilitera la résolution sur la coopération entre l’ONU et l’ASEAN pour mettre en valeur les réalisations obtenues et assurer davantage le progrès social de la région, une paix et une stabilité durables, une croissance économique soutenue et une prospérité partagée.

Il y aura en 2022 une réunion annuelle des ministres des affaires étrangères de l’ASEAN avec le président de l’AGNU et le Secrétaire général des Nations unies  en septembre afin de renforcer davantage le partenariat ONU-ASEAN. L’ASEAN est prête à déployer tous ses efforts dans tous les piliers du travail de l’ONU et à renforcer davantage le partenariat global ASEAN-ONU.

En conclusion, l’ASEAN a réitéré devant l’ensemble des 193 membres de l’ONU son ferme engagement et sa solidarité pour lutter vigoureusement contre la pandémie de COVID-19 et ses conséquences, pour dynamiser le multilatéralisme et, en fin de compte, pour construire un avenir meilleur, plus fort, plus inclusif et résilient pour la famille des Nations Unies, ainsi que pour réaliser l’Agenda 2030 pour le développement durable et au-delà.

Position de l’Union européenne

Il convient de mentionner que des idées similaires avec celles de l’ASEAN ont été exprimées par le représentant de l’Union européenne. Dans sa déclaration diplomatique du 19 janvier, il s’est félicité de l’initiative d’organiser un débat thématique de haut niveau pour « Galvaniser l’élan pour une vaccination universelle ». Selon lui, tout en luttant contre la pandémie actuelle, les États membres ne devraient pas négliger la nécessité de se préparer et de prévenir de futures pandémies, conformément aux One-Health-principles . Un instrument juridique international pour renforcer la prévention, la préparation et la riposte aux pandémies est donc d’une grande importance, tout comme le renforcement de l’OMS.

Un appel important a été lancé par l’Union européenne pour que l’AGNU soutienne le processus de Genève en réunissant un large éventail d’acteurs et en apportant une contribution substantielle à un tel accord juridique afin d’assurer un engagement politique au plus haut niveau.

Ioan Voicu