Se retirer, suspendre ou rester ? Les entreprises étrangères présentes en Birmanie sont confrontées à des choix difficiles quant à la manière de réagir face au coup d’État militaire du 1er février et à la violente répression des manifestants pro-démocratie qui s’en est suivie dans le pays.
Un grand nombre de personnes sont mortes lors de manifestations quotidiennes depuis que les militaires ont renversé la dirigeante élue Aung San Suu Kyi le 1er février, mettant ainsi un terme à l’expérience démocratique menée depuis dix ans en Birmanie.
Le coup d’État et les actions ultérieures de la junte ont suscité une condamnation internationale et des sanctions internationales.
La junte a des intérêts particuliers dans de larges pans de l’économie du pays, de l’exploitation minière à la banque, en passant par le pétrole et le tourisme.
Les ONG ont exhorté les entreprises à revoir leur présence alors que l’armée intensifie considérablement son recours à la force meurtrière contre les manifestants.
“Nous voulons que les décisions prises soient ciblées contre la junte et qu’elles pénalisent le moins possible la population”, estime Sophie Brondel, coordinatrice du groupe pro-démocratie Info Birmanie, basé en France.
“Le message n’a jamais été de dire qu’il ne fallait pas être présent en Birmanie, mais de couper les liens avec l’armée”
Peu après la prise du pouvoir par les militaires, le japonais Suzuki a suspendu la production dans ses deux usines birmanes, mais a ensuite rapidement rouvert les installations, qui assemblent des véhicules pour le marché local.
Le groupe hôtelier français Accor, qui possède neuf hôtels en Birmanie, a déclaré vendredi 28 janvier qu’il avait “fait le choix de rester dans le pays pour le moment et de maintenir le soutien à ses 1 000 employés sur place et aux communautés proches des hôtels du groupe”.
Accor “est venu en Birmanie avec l’espoir d’apporter un changement positif pour la population. C’est dans cet esprit que nous maintenons notre présence”, a déclaré le groupe.
“Le tourisme est vital pour la Birmanie et reste l’un des derniers liens qui relie le peuple birman au monde”.
Le brasseur japonais Kirin tente depuis des mois de mettre fin à ses liens commerciaux avec l’armée birmane, avec laquelle il exploite deux brasseries.
Après que les négociations se soient heurtées à un mur, il a lancé une procédure d’arbitrage à Singapour en décembre.
La société danoise Carlsberg, qui emploie environ 450 personnes dans le pays, a déclaré avoir réduit sa production en raison de la baisse de la consommation, mais n’a pas annoncé de projet de départ.
Le géant pétrolier Total a aussi annoncé son retrait prochain du champ gazier de Yadana