L’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch dresse le portrait de manifestants harcelés par la junte militaire en Birmanie.
Le 14 mars 2021, “Zarni” s’est joint aux manifestations organisées à Hlaing Tharyar, près de Yangon, contre le coup d’État du 1er février de l’armée birmane. Les grandes manifestations ont été planifiées par les ouvriers d’usine, une grande partie des résidents de la zone industrielle.
Les manifestants avaient préparé des barricades pour repousser les forces de sécurité, qui avaient réprimé les manifestations pacifiques dans tout le pays.
Mais il n’y a eu aucune arrestation ce jour-là, a déclaré Zarni. “Ils ont simplement tiré pour tuer”.
Human Rights Watch a documenté que des policiers et des soldats armés de fusils d’assaut ont délibérément encerclé – ou “kettled” – les manifestants de Hlaing Tharyar, tuant au moins 65 personnes. Les forces de sécurité, selon les témoins, ont surgi de différentes directions pour les piéger.
La fusillade de Hlaing Tharyar est l’une des journées les plus meurtrières depuis le coup d’État, notamment en raison de l’utilisation apparemment préméditée de la force meurtrière.
Un an plus tard, Zarni affirme que Hlaing Tharyar n’est toujours pas sûr. “Nous sommes sous la loi martiale depuis lors. Tant que l’armée existe, nous continuons à souffrir.”
La difficulté de documenter les violations des droits de l’homme dans un pays de plus en plus fermé rend difficile le décompte exact des personnes tuées. Selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques, 1 600 manifestants et passants sont morts depuis le coup d’État. Le projet ACLED (Armed Conflict Location and Event Data) suggère un nombre total de morts bien plus élevé. Le HCR, l’agence des Nations unies pour les réfugiés, estime que 837 000 personnes sont déplacées en Birmanie, dont plus de 500 000 depuis le coup d’État.
En octobre, les autorités ont expulsé par la force et détruit des campements informels à Hlaing Tharyar, laissant au moins 8 000 familles sans abri. Les raids nocturnes et les arrestations arbitraires se sont poursuivis, tandis que des tribunaux militaires fermés ont prononcé des condamnations à mort. Le chômage et l’insécurité alimentaire ont également augmenté en Birmanie, et le Programme des Nations unies pour le développement prévoit que le taux de pauvreté urbaine triplera en 2022.
Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a discuté de la situation en Birmanie le 18 mars. Le Conseil devrait demander au Conseil de sécurité des Nations unies d’adopter une résolution renvoyant la situation au Myanmar devant la Cour pénale internationale et recommander au secrétaire général des Nations unies d’aider davantage les mécanismes internationaux chargés d’enquêter sur les abus. Il devrait également demander que tous les revenus provenant du pétrole, du gaz, du bois et des pierres précieuses qui vont aux militaires et alimentent les abus soient placés sur un compte séquestre au nom du peuple birman jusqu’à la restauration d’un gouvernement civil démocratiquement élu.
L’absence de mesures énergiques à l’encontre de la junte enhardit les militaires à commettre de nouvelles exactions et prolonge inutilement les souffrances des habitants du pays.