Comme à l’accoutumée à cette période de l’année, la dengue occupe la Une des quotidiens thaïlandais et régionaux. Cependant, bien que la progression de cette maladie soit souvent observée d’une année à l’autre, 2013 apparaît déjà, dès le début de la saison des pluies, comme une année record dans la plupart des pays de l’Asean.
La dengue est une maladie endémique dans les zones tropicales, causée par quatre souches de virus Dengue. Le virus est transmis lors de la piqûre d’un moustique du genre Aedes, bien acclimaté dans les zones urbaines et qui sévit le jour et à la tombée de la nuit. Ces insectes prolifèrent en grand nombre lors de la saison des pluies, occasionnant des poussées épidémiques qui affectent, pour la moitié des cas, des enfants de moins de 15 ans. La maladie est le plus souvent bénigne mais dans 10% des cas, elle entraîne des complications hémorragiques qui peuvent nécessiter une hospitalisation en soins intensifs car des complications potentiellement mortelles peuvent survenir de façon imprévisible (syndrome de choc de la dengue). Les symptômes des formes cliniques ressemblent très fortement à ceux d’une grippe sévère (fièvre élevée, maux de tête, rash cutané) avec plus spécifiquement des douleurs majeures dans le dos. Il n’existe pas de médicament efficace contre le virus et le traitement vise à améliorer les symptômes et prévenir les complications. Enfin, la maladie confère une immunité à vie mais uniquement pour la seule souche responsable de l’infection.
L’accroissement des cas de dengue cette année est désormais inquiétant sur l’ensemble de la région. En Thaïlande, dès la mi juin, 45 000 cas étaient déjà recensés, dont 50 décès, soit une augmentation par trois en comparaison avec la même période de l’année précédente. Les régions du Nord (Chiang Mai, Loei…), du Sud (Songkhla…) et aussi de l’Est (Surin…) sont actuellement les plus affectées. Cette forte recrudescence des cas de dengue fait donc craindre une année particulièrement sombre en terme de mortalité, car la pluviosité dans le royaume risque de rester élevée jusqu’à la mi octobre. Au Laos, pays de six millions d’habitants, 26 décès sont déjà à déplorer, soit six fois plus qu’en 2012. A Singapour, où le gouvernement impose des amendes lourdes en cas de non respect des règles d’hygiène en matière de lutte anti moustique, l’incidence de la maladie virale est également en très forte hausse. Sept mille cas ont été observés avec un décès. Le Premier ministre lui-même a fait appel à 30000 volontaires pour accroitre l’efficacité des mesures sanitaires.
Plusieurs phénomènes expliquent l’accroissement de la dengue dans ces pays. Les conditions climatiques de ce début 2013, avec une pluviosité forte et prolongée, une température élevée et très humide, sont favorables à la multiplication des insectes. En outre, les quatre souches de virus dengue ont été retrouvées cette année chez les malades thaïlandais alors que d’ordinaire, une, voire deux souches étaient présentes. Ainsi, malgré l’immunité durable liée à une souche, certaines personnes ont pu être contaminées par une autre souche virale.
La seule prévention actuelle est de limiter, de façon la plus efficace possible, le nombre de piqûres de moustique, surtout pour les enfants de moins de 10 ans, les plus vulnérables aux complications hémorragiques. Pour les plus jeunes, les lieux de jeux infestés de moustiques sont à proscrire. Les vêtements doivent préférablement couvrir les bras et les jambes. L’utilisation de répulsifs anti moustiques en applications régulières, en particulier ceux contenant du DEET (N,N-Diethyl-3-methylbenzamide) est recommandée. L’élimination des sites de reproduction des moustiques fait appel au bon sens individuel et à l’engagement des responsables de la politique de santé publique.
Signalons enfin qu’un vaccin contre la dengue efficace sur trois des quatre souches virales est en cours d’évaluation finale et pourrait être disponible dès 2015 ou 2016.
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