Un débat stratégique majeur est évoqué par Anne Genetet dans sa tribune consacré à l’Indopacifique. Quelle place pour la France dans cette région ? Nous rediffusons son texte. Bon vote pour les législatives. Et pour le débat, cliquez sur gavroche-thailande.com !
Madame, Monsieur,
Vous voudrez bien trouver ci-après une tribune intitulée “Indopacifique : passer des paroles aux actes” dans laquelle je plaide, alors que s’ouvre le Shangri-La Dialogue à Singapour et neuf mois après l’affaire du “pacte Aukus”, pour que la France renforce sa politique étrangère en Indopacifique via “les dialogues de Marco Polo” que pourraient lancer les Etats membres de l’UE volontaires, avec une philosophie des petits pas et des coopérations concrètes menant à une solidarité de fait.
Je me tiens à votre entière disposition pour échanger sur ce sujet d’actualité.
Anne GENETET
Députée (LREM) de la 11e circonscription des Français établis hors de France
Présidente du Club France Initiative
Indopacifique : passer des paroles aux actes
Alors que s’ouvre le Shangri-La Dialogue à Singapour et neuf mois après l’affaire du “pacte Aukus”, la députée propose un renforcement de la politique étrangère de la France en Indopacifique via “les dialogues Marco Polo” que lanceraient les Etats membres de l’UE volontaires, avec une philosophie des petits pas et des coopérations concrètes menant à une solidarité de fait.
Du 10 au 12 juin prochains se tient à Singapour la 19e édition du Shangri-La Dialogue, une conférence internationale qui aborde les enjeux de défense et de sécurité en Asie-Pacifique. Peu médiatisée en Europe, et a fortiori en France, elle est une des rares enceintes internationales où échangent ensemble près de 50 nations de l’Indopacifique dont la Chine, les Etats membres de l’ASEAN, ou encore les Etats-Unis. Par-delà les alliances, les différences, voire les inimitiés.
Et cette année encore, plusieurs nations européennes dont la France, y participeront. Nos ambitions au service des équilibres de cette région du monde y seront défendues. Mais comment peser en Européens, face aux puissances américaines et chinoises ?
Construire une 3ème voie crédible
Aux yeux de beaucoup de nos concitoyens et de citoyens européens, l’Indopacifique n’est encore qu’un concept géopolitique abstrait. Une région située à l’autre bout du monde, bien éloignée de leurs préoccupations. Pourtant, tout dans l’actualité de ces dernières années démontre que cela ne saurait être plus faux : guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, tensions en mer de Chine méridionale, vulnérabilité des chaînes de valeur causée par l’épidémie de Covid-19, inflation alimentée par le ralentissement du transport maritime mondial… l’Indopacifique n’est jamais très loin ! Et pour cause : son dynamisme économique, démographique et technologique, et les rivalités qui s’y jouent, en ont progressivement fait le carrefour du monde, tant et si bien que ce qui s’y passe aujourd’hui emporte de lourdes répercussions, même indirectes, sur notre quotidien en Europe.
C’est cette réalité qui a incité dès 2018 le Président de la République à faire de l’Indopacifique, non plus simplement un objet de réflexion cantonné aux diplomates et aux think tanks, mais bien une composante de la politique étrangère de la France. Tout comme l’Allemagne, qui en 2020, par la voix de son ministre fédéral des Affaires étrangères Heiko Maas, déclarait que « c’est dans l’Indopacifique que se décide la structure de l’ordre international du futur ». Tout comme les Pays-Bas qui, en 2020 aussi, appelaient à l’action pour que cette région ne devienne pas un terrain de jeu entre deux grandes puissances. Et comme le Danemark enfin, qui par la voix du Royal Danish Defense College, recommande que le pays soit associé aux initiatives européennes de défense et de sécurité dans la zone.
Seulement voilà : passer de la doctrine aux actes n’est pas si simple. Et la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Danemark ne peuvent compter sur leur seul poids pour s’imposer, dans une région si vaste et aux intérêts si variés. Ils ne sont ni la Chine, ni les Etats-Unis. C’est bien sûr un désavantage, mais aussi une force, car ils ne s’inscrivent pas dans l’affrontement de modèle que se livrent ces deux mastodontes. Et en tant qu’États membres de l’Union européenne, ils sont les représentants d’un « bloc » de 27 nations qui, si elles décidaient d’un commun accord de s’investir davantage, pourrait proposer une « troisième voie » crédible en Indopacifique.
L’histoire comme moteur d’une action européenne
Pour qu’une telle entreprise puisse espérer voir le jour, nous, représentants politiques, devons clarifier notre discours. L’Indopacifique ne saurait être résumé à une « zone stratégique ». Elle est aussi synonyme d’opportunités, de coopérations entre nos cultures et nos peuples, d’échanges mutuels et bénéfiques.
Ces échanges ne datent pas d’hier. Au XIIIème siècle, un marchand vénitien, Marco Polo, fut mandaté par le Pape Grégoire X pour porter un message de sympathie à Kubilaï Khan, Empereur mongol qui deviendra Empereur de Chine. S’il n’était pas le premier européen à entreprendre un tel périple, et si sa démarche n’était pas désintéressée (c’était d’abord et avant tout un marchand), il est en revanche le premier à rapporter en Occident les affaires politiques et économiques de l’Empire mongol. A s’intéresser à ses us et coutumes. A en apprendre les langues. Cela, sans jamais opposer sa culture à celles qu’il découvrait, ni à chercher à les changer, pour des raisons morales ou religieuses.
C’est cette philosophie, cette histoire, ce récit commun, qui doit servir de base à notre action. Afin de lui donner du sens, tant aux yeux de nos concitoyens, que de nos partenaires européens, que des peuples de l’Indopacifique.
Les dialogues Marco Polo
Alors parce qu’il faut nommer les choses pour les faire exister, pourquoi ne pas lancer « les dialogues Marco Polo », qui incarneraient tout ce que la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Danemark pourraient proposer ensemble à leurs partenaires européens : des projets de coopération à l’endroit des nations de l’Indopacifique qui le souhaitent, autour de quelques sujets universels et intemporels tels que les mobilités ferroviaires et maritimes, l’environnement, le sport, les sciences et l’art. Des domaines où nous pouvons construire, progresser, grandir, apprendre… ensemble.
Tel pourrait être la prochaine étape de notre politique étrangère en Indopacifique. Une politique étrangère fondée sur un héritage, une vision, et des réalisations concrètes : construction de lignes de chemins de fer pour relier les nations de la région, projets de traitement et de recyclage des déchets, diplomatie du football, aires marines protégées, coopérations universitaires… Et surtout, une politique étrangère qui associe ses citoyens, nos partenaires européens, et les populations de l’Indopacifique. C’est peut-être là la clef qui permettrait de faire émerger cette « troisième voie ».
Je crois que cette dame, avec tout le respect que je lui dois, n’a rien compris! On ne lui demande pas de défendre l’indopacifique mais de défendre les Français expatriés dans cette région du monde. En fait elle ne défend que ses intérêts personnels en espérant une place au soleil de la vie politique Française.
Bonjour Monsieur, je comprends vos préoccupations quotidiennes et votre besoin d’être écouté et aidé par une députée. Cependant, j’ai un avis un peu différent, j’attends aussi d’un politique qu’il puisse tracer le plan et agir pour que la France rayonne. Bien amicalement.