Quiconque pose aujourd’hui le pied en Asie du Sud-Est en provenance d’Europe est frappé par cette évidence : certes, les prix du carburant se sont envolés à la pompe en Thaïlande et dans les pays voisins, mais le débat sur la crise énergétique et ses conséquences demeure au point mort.
Qui pose la question de l’air conditionné, devenu une plaie climatique et énergétique de premier plan ? Qui préconise une augmentation de température dans les bureaux (réfrigérés parfois au point de devoir porter un pull sous les tropiques) ? Qui ouvre le débat indispensable sur les méfaits écologiques engendrés par l’abondance de gratte ciels conçus pour être en permanence climatisés ? Personne. Et c’est grave. Car quelle que soit l’issue de la guerre en Ukraine, fermer les yeux ainsi sur les dommages causés par cette épidémie de froid artificiel n’est pas tenable. Comment convaincre les occidentaux de modifier leur consommation énergétique si les asiatiques poursuivent leur gaspillage intensif ?
Une prise de conscience est indispensable. Le retour à une architecture plus respectueuse du climat, moins basée sur l’apport d’électricité, est plus que nécessaire. La situation actuelle est empreinte d’un dangereux aveuglement. Croire que l’économie mondiale va continuer de prospérer alors que les produits importés d’Asie vers l’Europe ont un prix en carbone bien trop élevé serait une illusion.
L’air conditionné a sans doute permis aux populations industrieuses d’Asie de rattraper leur retard en termes de productivité. Tant mieux. Mais il coûte aujourd’hui beaucoup trop cher à la planète. L’ignorer n’est plus tenable.