GAVROCHE HEBDO – ÉDITORIAL : Quand l’Asie du Sud-Est interroge Washington
Deux noms de hauts responsables américains vont rythmer cette semaine l’actualité asiatique : celui du secrétaire d’État Anthony Blinken, attendu au Cambodge pour la réunion ministérielle de l’Asean et pour un sommet ASEAN-États-Unis, et celui de la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, qui n’a pas démenti les rumeurs sur sa possible escale à Taïwan.
Il va de soi que si cette dernière se rendait à Taipei, le mois d’août deviendrait celui de tous les dangers car la Chine se devrait de répliquer face à ce qu’elle considèrerait comme une ingérence dans les affaires intérieures. Mais dans les deux cas, la même question est posée: les États-Unis sont ils encore la puissance incontournable en Asie, face à la Chine. Et la triple alliance qui les lie au Japon et à la Corée du Sud a-t-elle encore les moyens militaires suffisants pour dissuader toute escalade guerrière, sur le modèle de l’offensive menée par Vladimir Poutine en Ukraine ?
La réponse, pour le moment, semble positive. Les leçons en provenance d’Ukraine, sur le plan militaire, montrent que même l’ours Russe peine à parvenir à ses fins et que le prix humain à payer pour les rêves nationalistes du Kremlin est très élevé. Il est dès lors important, dans un pareil contexte, que Washington fasse savoir aux pays de l’Asean que ce qui se passe en Asie importe au plus haut point pour la sécurité mondiale. Le sommet du G20 en Indonésie, en novembre, sera l’occasion de montrer le visage d’une Asie du Sud-Est influente et active. Le pire serait donc, d’ici là, que les pays de la région se mettent à anticiper une forme de déclin américain. Mieux vaut, pour l’heure, que le statu quo demeure. Et que le match des géants entre Washington et Pékin se poursuive sur le plan commercial et diplomatique.