L’île paradisiaque des Philippines avait été fermée pour remédier à la sur-pollution attribuée aux excès des touristes. Sa réouverture cette semaine est présentée par les autorités de Manille comme un grand succès, coté nettoyage des plages et amélioration des infrastructures. Une leçon pour les îles Thaïlandaises ? Pas si sûr…
On connait la capacité du président Philippin Rodrigo Duterte à vanter ses propres mérites et ceux de son administration.
Pas étonnant donc que ce dernier ait annoncé, à grand renfort de publicité, la formidable «réussite» constituée selon lui par le nettoyage de l’île paradisiaque de Boracay, une petite île de l’archipel des Visayas située à environ 300 kilomètres au sud de Manille.
Cette destination touristique habituée à faire la couverture des magazines dans les années 90 avait été fermée voici six mois, fin avril 2018, en raison de la «sur-pollution» attribuée aux touristes étrangers, à commencer par les sud-coréens, venus en abondance fêter leur mariage ou leur lune de miel sous ces tropiques accueillantes.
Sur le papier, la réouverture de Boracay s’accompagne d’une série de mesures drastiques: le nombre de touristes autorisés sur l’île sera plafonné à environ 20 000, soit deux fois moins qu’avant, pour l’ensemble de l’île qui s’étend sur 10 km2 seulement.
Il sera aussi interdit de jeter ses détritus ou de consommer de l’alcool sur les plages les plus populaires afin de décourager les fêtards qui avaient pris l’habitude de camper sur le sable….
Les hôtels seront aussi strictement surveillés et inspectés promet le ministère du tourisme des Philippines.
De quoi rendre jalouses les populations riveraines de certaines îles Thaïlandaises, épuisées par les amas de détritus qui s’entassent au fil de l’affluence touristique.
Gare, toutefois, à ne pas tomber dans le piège de la communication !
Plusieurs organisations non gouvernementales locales ont déjà mis en garde contre l’envers de cette politique de fermeté: à savoir la multiplication des passe-droits négociés à coups de corruption.
Les activistes déplorent aussi l’absence d’une vraie politique de développement à long terme de l’île, et la précarité des nouvelles infrastructures mises en place pour stocker les déchets voire les recycler.
Boracay a bien été nettoyée, et c’est une bonne nouvelle. Mais les moyens manquent pour en faire une destination vraiment écologique !
Les défenseurs de l’environnement regrettent surtout l’absence de mesures pour décourager la construction de nouveaux hôtels, et les problèmes de raccordement d’eau.
La comparaison vite faite avec Maya Bay, récemment fermée sur l’île thaïlandaise de Koh Phi Phi, doit donc être mesurée.
Si Boracay peut revenir à la une des magazines de tourisme, proprette et aguicheuse, beaucoup craignent une rapide et nouvelle saturation si les populations locales ne s’impliquent pas volontairement dans un tourisme durable et plus écologique.
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