L’article publié ci dessous est un extrait du quotidien Français Libération dont nous vous recommandons la lecture.
Face aux problèmes d’approvisionnement causés par la guerre en Ukraine, le prix de cet aliment de base pour les plus modestes est en forte hausse. Un sujet d’inquiétude pour de nombreux pays qui envisagent des mesures inédites. Le sujet a l’air trivial mais il représente un enjeu majeur pour des millions de personnes. A moins de vingt centimes d’euros le paquet en moyenne, les nouilles instantanées faisaient figure d’aliment de base depuis plusieurs décennies en Asie du Sud-Est, en particulier pour les plus modestes. Mais la guerre en Ukraine pourrait, comme dans de nombreux autres secteurs, changer la donne. Le pays, l’un des principaux greniers à blé de la planète, reprend à grand-peine ses exportations. Au point que certains Etats envisagent actuellement des mesures d’urgence, inédites depuis plus d’une décennie.
L’augmentation des coûts de production – énergie, transports, farine, huile – conduit à la hausse des prix de ces pâtes dans les pays où ceux-ci sont fixés par le marché, et à des difficultés pour les producteurs lorsque les États encadrent les tarifs. La Chine, plus gros consommateur de nouilles instantanées au monde avec 49 milliards de paquets écoulés chaque année, est en première ligne. En juin, le prix de la farine de blé raffinée – le principal ingrédient dans la fabrication des nouilles – avait augmenté de 10% dans le pays depuis le mois de janvier, selon les données de Mysteel, un cabinet de conseil basé en Chine. D’autant qu’à l’été 2021, des pluies diluviennes avaient déjà inondé les récoltes de blé dans le pays. Or, la farine de blé représenterait 20 à 25% des coûts de production, selon le producteur indonésien Indofood. Sans oublier les effets de la crise du Covid, qui a largement paralysé l’économie et les échanges.
Selon Libération, La situation peut rappeler celle de la crise alimentaire de 2008 qui avait touché de plein fouet le continent asiatique, dernière date à laquelle le gouvernement thaïlandais avait autorisé une augmentation du prix des nouilles instantanées.
«L’Asie du Sud-Est n’a pas une tradition de consommation de farine de blé, contrairement à d’autres aliments de base comme le riz», relativise auprès de Libération Gwenn Pulliat, chercheuse du CNRS. «Il n’y a pas de risque de famine à très court terme. Ce qui est en jeu, ce sont davantage des effets à long terme sur le niveau de vie des populations les plus modestes», anticipe la chercheuse, qui a notamment mené des études au Vietnam sur les effets de la crise de 2008. «Pour les foyers les plus pauvres, l’alimentation représente la majorité des dépenses. Une augmentation des prix des aliments de base peut entraîner une restriction importante des dépenses en matière de santé ou d’éducation.»