GAVROCHE HEBDO – ÉDITORIAL : Le roman politique de Prayuth Chan Ocha
Il y a une dimension romanesque dans le parcours de l’ex premier ministre Thaïlandais Prayuth Chan Ocha, pour l’heure suspendu par la Cour constitutionnelle. On se souvient de son coup d’État commis sans coup férir en avril 2014. Puis huit années de pouvoir ont suivi durant lesquelles ce général n’a pas fait preuve de beaucoup d’imagination, mais s’est avéré capable de contrôler le pays. Si l’on devait le comparer à un héros de roman, Prayuth serait cet officier qui, sous la plume de Dino Buzzatti, attend à tout jamais la relève dans «Le Désert des Tartares». Sa Thaïlande est presque irréelle. L’opposition de la jeunesse, dans la rue, ne lui parait pas être de nature à faire changer le pays. Prayuth est le socle de la vieille Thaïlande qui refuse de s’effacer.
Et pourtant, cet effacement semble programmé. Le voici sans doute sur le départ. Les factions au sein de l’armée vont maintenant prendre la relève dans les luttes de pouvoir. Devra-t-on demain, remercier le Général Prayuth pour sa conduite austère, mais stable du pays ? La vérité est que l’homme, aussi dur soit-il avec ses opposants, n’a pas pu arrêter le mouvement de contestation. Les Thaïlandais le moquent. Ils le supportent, mais ne le soutiennent pas. Le roman politique de Prayuth Chan Ocha est un roman raté.