Le rejet de l’indépendance du territoire d’outre-mer par 56,4% dimanche 4 novembre n’est pas une surprise. Il est clair en revanche que les anti-indépendantistes espéraient un meilleur score. Pour les français de cette région, plusieurs leçons doivent être retenues et elles impactent aussi la présence de la République en Asie. Quelques explications…
L’heure n’est surement pas aux cris de joie et de victoire pour les 56,4% d’électeurs qui se sont prononcés, dimanche, pour le maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la République Française.
Certes, le rejet de la pleine souveraineté et de l’indépendance est une assurance de stabilité sur ce territoire qui possède, entre autres, les sixièmes réserves mondiales de Nickel.
Certes, la communauté kanak qui représente environ 40% des habitants – et 45% des électeurs – peut se satisfaire de la forte participation proche des 80%, et notamment de la participation des jeunes.
Quelles leçons en tirer donc pour la République et pour l’archipel, miné par les inégalités sociales ?
Et surtout, quel message ce vote envoie-t’il au reste de l’Asie où la France demeure une puissance grâce à ses possessions du Pacifique ?
– La première leçon est Républicaine.
Le vote s’est déroulé dans le calme et la constitution d’une liste électorale spéciale a permis de faire baisser les tensions avant le vote.
Les kanak se sentent mieux représentés.
Plusieurs pays de la région ont envoyé des observateurs.
La France peut dès lors affirmer qu’elle n’est plus dans une situation coloniale sur le plan politique, même si pour l’ONU, la Nouvelle-Calédonie demeure l’un des territoires encore colonisé.
C’est une victoire de la démocratie que les Ambassades de France dans la région ne manqueront pas de souligner.
– La seconde leçon est économique.
Tout le défi, désormais, va consister à poursuivre dans le sens d’une plus grande émancipation des Kanak et des territoires sur lesquels ils sont majoritaires (province Nord et province des îles).
Cette leçon sera difficile car la communauté «caldoche» de Nouvelle-Calédonie a beaucoup à perdre dans cette redistribution.
On peut donc s’attendre à ce que de plus en plus de Français installés dans l’archipel regardent ailleurs pour des opportunités d’investissement.
La Thaïlande, de ce point de vue, est bien placée pour les accueillir.
– La troisième leçon est politique.
Les accords de Matignon en 1988 et les accords de Nouméa en 1998 ont montré l’importance déterminantes des leaders de chaque communauté.
Dans ces années difficiles, kanaks et caldoches étaient parvenus à ramener le calme parce que leurs dirigeants avaient fait le pari de la paix.
Il importe que dans ce territoire où les violences urbaines augmentent, le calme demeure pour empêcher des affrontements, compte tenu d’une géographie dominée dans le sud par les blancs et dans le nord par les populations autochtones.
Trois leçons pour ce qui est, ni plus ni moins, un processus d’autodétermination progressif et de décolonisation.
Car la vérité des urnes est criante: près de la moitié de la population de l’île souhaite aujourd’hui cette indépendance pas encore sur le point d’aboutir.
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