Lundi 12 septembre, la militante transgenre Jatuporn « New » Saeoueng, âgée de 25 ans, a été reconnue coupable par un tribunal thaïlandais de moquerie délibérée envers la reine Suthida lors d’un défilé de mode parodique le 29 octobre 2020. Elle a été reconnue coupable de diffamation envers la monarchie pour avoir porté une robe traditionnelle thaïlandaise en soie rose lors d’un happening d’une manifestation politique sur Silom Road, avec un accompagnateur portant ombrelle et le public assis au bord du long tapis rouge. Les autorités judiciaires y ont vu une atteinte à la famille royale au nom de l’article 112 du code pénal, aussi appelé crime de lèse-majesté.
Thai Lawyers for Human Rights (TLHR) a déclaré que l’avocat de Jatuporn avait demandé une caution pour elle afin de déposer un recours en utilisant une garantie de 300 000 bahts. Cependant, le tribunal a transmis sa demande de libération sous caution à la Cour d’appel, de sorte que Jatuporn sera détenue à l’établissement pénitentiaire central pour femmes jusqu’à ce que la Cour d’appel décide de lui accorder ou non une libération sous caution. Jatuporn a déclaré qu’elle était autrefois une royaliste et que sa famille et son école lui avaient appris à aimer feu le roi Bhumibol. Après sa mort en 2016, Jatuporn s’est fait tatouer le chiffre 9 en thaï comme symbole de sa loyauté, mais depuis qu’elle a été accusée de diffamation royale, elle a ajouté trois lignes rouges sur le tatouage d’origine.
Se justifiant, Jutaporn a déclaré qu’elle voulait porter une robe traditionnelle lors de cet évènement et qu’elle n’avait pas souvent l’occasion de porter la tenue nationale. « Je ne voulais être personne. Je voulais juste être moi-même dans une robe traditionnelle, c’est tout », a-t-elle ajouté.
Amnesty International Thailand a qualifié cette condamnation « de prélude effrayant à ce qui va arriver » car 210 personnes à cette heure sont accusées pour diffamation royale depuis les débuts des manifestations pro-démocratie en 2020. L’ONG a également appelé les autorités à abandonner les poursuites contre les participants à des manifestations pacifiques et à libérer les personnes détenues arbitrairement.
Philippe Bergues
[…] Je me suis par exemple déjà occupée d’une jeune femme qui a été poursuivie pour avoir porter une robe traditionnelle thaï [lors d’un défilé de mode pro-démocratie à Bangkok en 2020, NDLR]. Une photo d’elles est devenue virale et la justice considérait que la robe ressemblait à celle de la reine, elle a été reconnue coupable de diffamation envers la reine selon l’article 112 et a été empri…. […]