Nous attirons régulièrement l’attention de nos lecteurs sur les analyses du site Asialyst dont nous vous recommandons la lecture. Une fois n’est pas coutume : le site Asialyst vient de publier un texte sur les enjeux du prochain congrès du PC Chinois. A lire ! En voici des extraits.
À un mois de l’ouverture du XXème Congrès du Parti, deux lignes s’affrontent : le camps de Xi Jinping et ceux qui veulent préserver l’héritage de Deng Xiaoping, un Parti à la direction plus collégiale. Au cœur de cette division, une lutte idéologique : la Chine va-t-elle poursuivre la réforme et l’ouverture initiées par le « Petit Timonier » ? La stratégie « zéro Covid », marque de fabrique de Xi Jinping, peut-elle être infléchie ? Le point d’équilibre entre les factions reste, semble-t-il, encore à trouver.
La période entre l’université d’été du Parti à Beidaihe et la « rentrée parlementaire » – soit le dernier plénum du XIXème Congrès du Parti le 9 octobre prochain – s’annonce assez mouvementée pour l’équipe de Xi Jinping. Malgré la visite de Nancy Pelosi à Taïwan, la poursuite de la politique « zéro Covid », les catastrophes naturelles cycliques (canicules, sécheresse ou inondations) et les énièmes affaires de corruption dans le secteur des hautes technologies, certains compromis ont été atteints, semble-t-il durant la retraite estivale, car la date d’ouverture du XXème Congrès a été annoncée pour le 16 octobre. Bien entendu, il s’agit ici de compromis sur les postes à pourvoir au sein du Comité Permanent, du Politburo, du Comité central, du Conseil des Affaires État (le gouvernement) et de la Commission militaire centrale du Parti. Cela dit, il reste encore des zones d’ombre assez importantes quant au rôle futur de certains hauts dirigeants : parmi eux, l’actuel Premier ministre Li Keqiang, le président de la Conférence consultative Wang Yang, le vice-premier ministre Hu Chunhua ou même encore le chef de la Commmission centrale de discipline Zhao Leji et de l’idéologue du Parti Wang Huning*.
Comme d’habitude à l’approche des Congrès du Parti, les spéculations vont bon train. Hu Chunhua deviendra-t-il un dirigeant majeur du PCC dans les prochaines années ? Wang Huning est-il définitivement sur la voie de la retraite politique ? Et que dire de « l’élévation » de Xi Jinping au rang de « Président du Parti » ? Le problème vient d’ailleurs moins du titre en lui-même – ce ne serait pas un énorme changement – mais de la nécessité par la suite de nommer un ou des vice-présidents. Dernier titulaire de la charge, Mao Zedong n’avait pas un titre indivisible non plus : le PCC a compté plusieurs vice-présidents entre 1956 et 1982. Par ailleurs, le statut de Xi comme « noyau » du Parti a été inscrit dans la constitution : pourquoi le président chinois aurait-il besoin d’un nouveau titre puisque son rang dépasse déjà celui de Deng Xiaoping sur le papier. Si ce titre refait surface, plusieurs cadres communistes risquent de comprendre les vraies intentions de Xi Jinping : demeurer au pouvoir bien plus que cinq ans. Ce qui risque de causer encore plus d’insatisfaction et de mécontentement au sein de l’élite du Parti.
Cependant, il y a plus important. Une lutte idéologique place à nouveau les réformes au cœur des divisions entre les partisans de Xi et ceux qui soutiennent la ligne de Deng. D’où la question cruciale : quelles seront à la fois la nature et la finalité des réformes pour le Parti dans cette « nouvelle ère » ?
LA QUESTION DES RÉFORMES
Après une retraite estivale plus longue que d’habitude – plus ou moins 16 jours -, Li Keqiang est réapparu dans les médias juste avant Xi Jinping. Le 16 août, Li s’est rendu à Shenzhen et a parlé de l’importance de la réforme et de l’ouverture dans un environnement international de plus en plus hostile. Le même jour, Xi s’est rendu dans le Liaoning, où il a parlé de « prospérité commune », de « revitalisation du Nord-Est » (振兴东北) et a envoyé un signal fort aux observateurs politiques et aux membres du Parti : « Nous ne permettrons jamais que la nation change de couleur. »* En d’autres termes, le système actuel ne changera pas.
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Remerciements à Michel Prévot
* »我们决不允许江山变色 ».