BIRMANIE – LIVRE : Les «Rangoon sisters» racontent la table birmane
Amy Chung – Emily Chung : The Rangoon Sisters – Recettes birmanes, Hachette Cuisine, 2022, 224 p
Avez-vous un livre de cuisine birmane dans votre bibliothèque ? En langue anglaise, peut-être. Mais certainement pas un ouvrage édité en français et consacré dans sa totalité aux plats que l’on consomme dans les familles, les roulottes de rues et les restaurants de la République de l’Union du Myanmar. Si vous avez les papilles qui vous démangent, ne maîtrisez pas l’anglais de cuisine et un intérêt à découvrir de nouveaux plats et de nouvelles saveurs, le livre des sœurs Chung est fait pour vous.
Contrairement à ce que pourrait laisser croire le titre porté en haut de la page de couverture qui reprend simplement celui de l’édition originale publiée au Royaume Uni en 2020, le manuscrit est bien dans l’idiome de l’hexagone.
Hachette Cuisine qui a eu l’heureuse idée de mettre à disposition du plus grand nombre 85 recettes de Birmanie, innove. Jusqu’ici aucun livre de cuisine imprimé en France n’a jamais été intégralement consacré à la gastronomie du pays à la jointure de sous-continent indien, la Chine continentale et l’Asie du sud-est. Tout au plus, de-ci-delà, des recettes birmanes (ex. mohinga, nouilles shan, salade de feuilles de thé) ont pu se voir présentées succinctement dans des ouvrages consacrés aux cuisines de la région. Dans ce contexte, la maquette du volume de mesdames Chung est forte à propos.
Après avoir présenté l’histoire de leur famille, leur aventure de restauratrices à Londres, les autrices décrivent avec précision et méthode la réalisation de chacun de leurs plats pour quatre personnes.
L’ordonnancement des repas birmans n’est pas comparable au nôtre puisque tous les plats sont simultanément sur la table. C’est pourquoi, le texte a été découpé en huit chapitres culinaires afin de décrire les réalisations de salades (13 recettes), de quelques plats rapides (8), des nouilles (7), des ragoûts (15), le riz (5), des plats salées de rues (13), des douceurs (15) et les garnitures incontournables (9). S’il ne détaille pas les mets par région d’origine – un travail éditorial encore à faire pour vanter la diversité des savoir-faire dans un pays dont la superficie est un peu plus vaste que celle de la France -, il dépeint chaque spécialité en un court paragraphe évocateur.
Si vous voulez vous lancer durablement dans la réalisation de plats birmans, neuf pages vous énumèrent ce dont vous aurez besoin dans votre garde-manger. Quant à la réalisation de chacune des recettes, bien identifiée sur la page de gauche apparaît la liste de vos courses à faire ou les produits à attraper dans vos placards et votre réfrigérateur.
Si vous ne savez pas ce qu’est un shwe payon thee hin (curry de potiron), un kachin ame thar (bœuf effiloché à la mode kachin) ou encore des seik thar puff (feuilletés au mouton) et un dha hnyet mont (gâteau au sucre de palme et sauce caramel-coco), ne vous inquiétez pas, de très nombreuses photos viendront à côté du déroulé de fabrication aiguiser votre curiosité voire votre appétit. Pour les plus organisés, un long index par ingrédients est venu clore très utilement le volume. Maintenant, à vous de passer de la lecture à la pratique et d’épater vos proches par des réalisations d’une culture culinaire trop souvent méconnue voire décriée.
François Guilbert