Accusée de crime de lèse-majesté, l’activiste Kanyamon Sunanrat fuit la Thaïlande et demande l’asile politique en France
Les rumeurs allaient bon train sur les réseaux sociaux jusqu’à hier qu’une activiste célèbre, accusée de sédition et de crime de lèse-majesté, avait fui vers la France. Yan Marchal, bien connu des lecteurs de Gavroche, vient d’en révéler l’identité : il s’agit de la danseuse et chanteuse Kanyamon Sunanrat (aussi appelé Mint ou Jekiow Guillotine), militante anti-royaliste. Dans sa déclaration publique sur Facebook, Yan Marchal explique que « Mint a été libéré sous caution avec huit affaires judiciaires en cours : une affaire de sédition (article 116), quatre affaires de lèse-majesté (article 112), et trois affaires de délits informatiques pour avoir posté sur ses activités sur les médias sociaux. Ses activités consistaient essentiellement à se tenir devant les tribunaux avec des panneaux qui dénonçaient la façon dont les tribunaux étaient contrôlés par le palais royal tout en jugeant des affaires de diffamation royale, ce qui est un conflit d’intérêts ». « Si elle était restée en Thaïlande, elle aurait dû faire face à plusieurs années de prison pour le simple « crime » de dire la vérité au pouvoir – ou, du moins, faire connaître son opinion sur le pouvoir, qu’elle soit véridique ou non », poursuit Yan Marchal.
Ce matin même, le dissident politique thaïlandais Jaran Ditapichai, président des Démocrates thaïlandais sans frontières, avait posté de Paris un selfie où il portait un toast pour accueillir une nouvelle demandeuse d’asile, sans en donner le nom.
Avec la présence des membres du groupe Faiyen, l’historien Somsak Jeamteerasakul et l’étudiante transgenre Aum Neko, Paris semble devenir l’une des capitales mondiales des exilés politiques thaïlandais. De plus, Yan Marchal laisse entendre dans sa déclaration qu’une autre arrivée serait en cours.
Cet été, la rédaction de Gavroche a sollicité le Ministère français des Affaires étrangères pour un entretien sur ces questions et sur l’appréciation de la situation des droits humains en Thaïlande. Une demande pour l’heure rejetée.
Philippe Bergues
Crédit : Yan Marchal Facebook