La Fondation prospective et Innovation dirigée par l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin, bien connu pour être proche de l’actuel pouvoir chinois, vient de livrer cette analyse à l’issue du récent congrès du parti communiste et de la reconduction du président Xi Jinping.
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Le XXème Congrès du Parti Communiste Chinois qui s’est tenu du 16 au 22 octobre a retenu toute l’attention d’une bonne partie de la planète, des analystes et commentateurs de tous bords.
Après la révision des statuts au Congrès précédent de 2017, il ne faisait guère de doute que le Secrétaire Général XI Jinping serait reconduit pour un nouveau mandat de cinq ans, l’ampleur de son emprise sur le Parti restait un sujet de discussion. Après l’introduction en 2017 dans les statuts d’une référence aux idées de XI Jinping sur « le socialisme aux caractéristiques chinoises pour une nouvelle ère », un nouveau pas en avant serait-il fait pour renforcer la place de XI Jinping ?
Depuis la fin de l’ère Mao, un certain pluralisme avait pu être maintenu et même codifié, avec une collégialité dans la discussion et des personnalités venues d’horizons différents au sein du Bureau Politique permanent. En serait-il de même au sein du nouveau bureau politique du Comité Central ? Quel nouveau Premier Ministre succèderait à LI Keqiang dont le départ était programmé mais sans qu’il sorte de la scène politique.
Ces questions ont reçu une réponse claire avec la reconnaissance de XI Jinping dans les statuts du Parti comme « Leader », un Comité Central et un Bureau Politique Permanent dominés par des proches du Secrétaire Général, la non-reconduction de LI Keqiang, HU Chunhua, WANG Yang dans les hautes instances du Parti et l’épisode de la sortie accompagnée de HU Jintao de la salle du Congrès.
Cela laisse-t-il présager des débats internes limités qui nuiront à la réflexion sur les politiques à mettre en œuvre, alors que les temps sont troublés et appellent à une certaine agilité ?
D’autres questions sont encore sans réponse et les attitudes prises au Congrès n’éclairent guère sur ce qui va suivre.
La Chine va-t-elle sortir rapidement de la politique zéro-Covid avec les confinements à grande échelle et à répétition qui se succèdent depuis deux ans et qui perturbent l’économie chinoise et celle du monde ? Si c’est le cas, cela va-t-il provoquer un redémarrage rapide de l’économie chinoise et lui permettre de se caler à nouveau sur un taux de croissance annuel autour de 5%, nécessaire pour que la Chine gagne le niveau des pays développés à revenus moyens d’ici 2025, objectif mentionné dans le discours d’ouverture du Secrétaire Général.
XI Jinping a rappelé, au début et à la fin du Congrès, que le développement économique demeurait une priorité. Des interrogations surgissent néanmoins.
L’économie de marché, même biaisée, avec ses corollaires d’ouverture et de réformes, moteur du décollage de ces quarante dernières années, va-t-elle être sacrifiée à l’idéologie, aux préceptes de souveraineté renforcée et de prospérité partagée qui font la part belle aux dirigistes et aux contorsions des règles du monde.
La Chine n’en a pas l’apanage mais, pour elle, la question est vitale dans la rivalité sino-américaine et répondre à la politique de découplage de Washington. Le développement économique est la condition pour que la Chine remplisse son ambition d’être au premier rang des puissances d’ici 2049.