Tous ceux qui suivent la politique en Asie du Sud-Est depuis quelques décennies connaissent le nom d’Anwar Ibrahim. Le nouveau premier ministre de Malaisie était, jusque-là, synonyme d’opposant et d’éternel perdant, poussé jusqu’en prison par son ancien mentor, Mahathir Mohammad. Or voilà qu’Anwar est désormais synonyme de victoire. L’homme est aujourd’hui premier ministre. Il ne dispose pas d’une majorité d’élus au parlement. Mais le fait que les Etats-Unis lui aient, d’emblée, accordé leur soutien, montre qu’il a de solides cartes à jouer.
La question est maintenant de savoir ce que signifie sa nomination par le monarque Malaisien. Y voir, comme Gavroche tend à le penser, une preuve de la modernisation politique de la société malaisienne, lassée des décennies de pouvoir de l’Umno et des scandales de corruption à répétition, serait une excellente nouvelle. Anwar Ibrahim, après avoir flirté avec le fondamentalisme musulman, peut incarner un renouveau bienvenu.
L’autre scénario est celui du baiser de la mort. Le nommer premier ministre, sans majorité de députés, pour mieux le tuer politiquement. Afin de préparer le retour au pouvoir des forces politiques désavouées par les électeurs. Nous n’en sommes pas là, mais il faut garder les yeux ouverts. Les urnes ont parlé. Mais elles sont loin, en Malaisie comme dans les autres pays de la région, de décider seul du sort politique du pays…