Dans un article du South China Morning Post cette semaine, Bennett Murray, de l’agence allemande DPA à Hanoï, analyse les retombées sur le Vietnam de la guerre commerciale qui sévit entre la Chine et les États-Unis. Voici les leçons qu’il tire de cette rivalité exacerbée. Pour rappel: le premier ministre français Édouard Philippe était en voyage officiel au Vietnam les 2 et 3 novembre dernier.
Le Vietnam peut accueillir davantage de délocalisations.
La tendance n’est pas nouvelle, puisque le Vietnam, depuis plus de vingt ans, fait figure de terre d’accueil pour de nombreuses chaînes de production (notamment dans le textile), en raison notamment de ses coûts de main d’œuvre plus faibles qu’en Chine.
Selon les statistiques officielles vietnamiennes, le pays a attiré en 2017 35,88Mds $, avec Samsung comme premier investisseur.
L’un des derniers exemples en date est GoerTek, sous-traitant chinois d’Apple, qui transférera prochainement au Vietnam la production de ses Airpods, en indiquant que ce choix était motivé par les récentes tensions commerciales entre Washington et Pékin.
Pham Chi Lan, ancien conseiller économique des Premiers ministres Phan Van Kai et Vo Van Kiet, évoque son scepticisme quant aux gains éventuels de telles délocalisations.
Pour que nous puissions en retirer un réel bénéfice, a-t-il confié à DPA, il faudrait que le pays accueille massivement les grands groupes de la tech (asiatiques, européens et nord-américains), afin de faire décoller ce secteur, encore balbutiant dans le pays.
Un groupe de chef d’entreprises vietnamiens, interviewé par DPA, souligne que leur pays pourrait également être exposé aux représailles américaines si Washington décidait de pénaliser les entreprises financées par des capitaux chinois.
En mai dernier, l’administration Trump avait taxé l’aluminium et l’acier produits au Vietnam, en ciblant indirectement, par ces mesures, la Chine, accusée d’utiliser le Vietnam et l’ASEAN pour contourner les lois anti-dumpings.
D’où la carte de la conciliation tentée par le Vietnam vis à vis de Donald Trump.
Les autorités de Hanoï ont ainsi fait part récemment de leur intérêt pour négocier un accord commercial bilatéral avec les États-Unis.
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Thibaud Mougin
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