Un tribunal de la junte birmane a conclu vendredi 30 décembre le procès de la dirigeante destituée Aung San Suu Kyi. La lauréate du prix Nobel 1991 a été condamnée à 33 ans de prison.
Prisonnière des militaires depuis le coup d’État de 2021, Aung San Suu Kyi, 77 ans, a été reconnue coupable de tous les chefs d’accusation retenus contre elle, allant de la corruption à la possession illégale de talkies-walkies en passant par le non-respect des restrictions imposées par la Covid.
Vendredi 30 décembre, elle a été reconnue coupable de cinq chefs d’accusation de corruption liés à la location, à l’achat et à l’entretien d’un hélicoptère qui avait causé une “perte pour l’État”. La peine pour corruption était de sept ans.
Aung San Suu Kyi, qui a subi un procès de 18 mois que les groupes de défense des droits ont qualifié de simulacre, semblait en bonne santé.
Les journalistes n’ont pas été autorisés à assister aux audiences du tribunal et les avocats d’Aung San Suu Kyi n’ont pas été autorisés à s’adresser aux médias.
La route menant à la prison où est détenue Aung San Suu Kyi, dans la capitale militaire de Nay Pyi Taw, a été libérée de toute circulation avant le jugement.
Aung San Suu Kyi va faire appel des derniers verdicts.
Depuis le début de son procès, elle n’a été vue qu’une seule fois – sur des photos granuleuses prises par les médias d’État dans une salle d’audience vide – et a dû s’en remettre à ses avocats pour transmettre ses messages au monde entier.
Nombreux sont ceux qui, dans la lutte pour la démocratie en Birmanie, qu’Aung San Suu Kyi a dominée pendant des décennies, ont abandonné son principe fondamental de non-violence, les Forces de défense du peuple s’opposant régulièrement aux militaires dans tout le pays.
La semaine dernière, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté une résolution appelant la junte à libérer Aung San Suu Kyi. La Chine et la Russie, alliées de la junte, se sont abstenues mais n’ont pas opposé leur veto.
Le lendemain, trois ministres de la junte se sont rendus à Bangkok pour des discussions “informelles” organisées par la Thaïlande et auxquelles ont également participé des représentants du Cambodge, du Laos et du Vietnam. Les autres États de l’Asean sont restés à l’écart.