GAVROCHE HEBDO – ÉDITORIAL : Le prix sanitaire du tourisme de masse
Nous aurions aimé ne pas écrire ces lignes. Gavroche a toujours soutenu le secteur du tourisme, qui fait vivre de nombreux Français et, surtout, une bonne partie de la population thaïlandaise. D’autres pays touristiques d’Asie du Sud-Est sont aussi dans ce cas.
Mais là, reconnaissons-le : l’exigence de certificats de vaccination ou de tests antiCovid de nouveau demandés avant d’embarquer dans un avion à destination de la Thaïlande méritait de demeurer. La décision subite du gouvernement Thaïlandais d’abroger cette exigence lundi 9 janvier n’est, du point de vue sanitaire, guère justifiable.
L’arrivée massive attendue de ressortissants chinois justifie de telles précautions, compte tenu de la vitesse de propagation du virus dans cet immense pays. Le tourisme, en Thaïlande comme ailleurs, n’a rien à gagner à une reprise de la pandémie de Covid 19 et à la défiance que cela ne manquera pas de susciter.
Il faut aussi se souvenir des mots employés, au début de la pandémie, contre les visiteurs occidentaux accusés de propager le Covid. Tout le monde a en tête les remarques blessantes du ministre de la santé Anutin sur les «dirty farangs» (les étrangers sales). Ce genre d’expression ne doit pas avoir cours dans la bouche de responsables politiques. La raison et les précautions sanitaires sont les seuls critères acceptables. Il était dès lors logique de demander aux touristes chinois une preuve de leur état de santé, même si la fiabilité du vaccin Sinovac est aujourd’hui remise en cause.
On nous objectera, comme le fait le ministre de la santé thaïlandais, que le taux de vaccination mondial est aujourd’hui suffisant. D’autres détracteurs, attachés à contester le vaccin depuis ses débuts, nous répéteront que celui-ci ne sert à rien, voire qu’il est nocif pour la santé. Qu’ils se rassurent : Gavroche ne cherche pas à trancher pour de bon le débat sanitaire. Nos lecteurs antivax peuvent continuer de nous écrire et de nous reprocher notre conformisme. Nous les respectons et nous publierons volontiers leurs points de vue.
Reste une réalité : ceux qui rêvent d’une reprise immédiate du tourisme de masse feraient mieux de se montrer prudents. Le prix sanitaire à payer concerne l’ensemble du pays et de sa population. Le pays du sourire, qui imposa des quarantaines si strictes au début de l’épidémie, n’a aucun intérêt à devenir une autruche qui enfouit sa tête dans le sable de ses plages. Tant que le risque sanitaire existe, des précautions sont légitimes. Mieux : indispensables.