Le 14 janvier 1985, un jeune homme frêle de 33 ans était nommé à la tête du gouvernement cambodgien, six ans après l’invasion de l’armée vietnamienne et la chute du régime des Khmers Rouges. Le Cambodge était encore à genoux. Plus de routes dignes de ce nom, ou presque. Une capitale, Phnom Penh, encore marquée par l’expulsion massive de sa population par les troupes de Pol Pot. Un pays martyr, isolé du reste du monde, relié au Vietnam par un vol hebdomadaire entre Phnom Penh et Hô-Chi-Minh-Ville.
Ce jeune homme, personne ou presque ne connaissait son nom. Son passé était celui d’un ex rebelle Khmer Rouge réfugié au Vietnam pour échapper aux purges folles du régime maoïste de Pol Pot. On connait la suite : quatre décennies plus tard, Hun Sen est toujours au pouvoir au Cambodge où il fait pour pour installer son fils, Hun Manet, à la tête du pays pour lui succéder.
Tous les opposants éliminés
Inamovible. Mais impitoyable. Hun Sen a éliminé tous ses opposants. Il est devenu au fil des ans une sorte de monarque-premier ministre, que l’actuel Roi Norodom Sihamoni accepte comme la figure tutélaire du royaume. Personne, dans la région, n’a réussi à se maintenir aussi longtemps au pouvoir. Le modèle le plus proche, en termes de pouvoir personnel, est sans doute celui de l’ex Général Suharto qui présida l’Indonésie de 1967 à 1998. Sauf que le règne de Suharto dura seulement deux décennies. Hun Sen a étouffé les aspirations démocratiques des Cambodgiens. il tient son pays en otage de son clan. Mais personne, aujourd’hui encore, ne parait en mesure de lui contester le pouvoir. Une terrible leçon qui doit aussi prendre en compte la modernisation incontestable du pays sous son long règne.
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Vous admettez donc que la “modernisation incontestable” du pays est liée à son pouvoir personnel, lequel, au passage, a su respecter la tradition en maintenant le roi, ce que la RDP LAO n’a pas su faire. Le Cambodge n’est pas isolé ; il faut donc le comprendre ; car, après tout, ce qui compte, c’est le bonheur du peuple. La contestation ne saurait être une fin en soi.