Cette mesure a consterné de nombreux demandeurs d’emploi qui prévoyaient de travailler à l’étranger, loin des troubles sociaux et économiques qui secouent la Birmanie. Les défenseurs des droits des travailleurs estiment que la décision de la junte est motivée par des considérations politiques.
Le régime a suspendu la délivrance de passeports en décembre, même si les travailleurs migrants birman pouvaient encore les obtenir en vertu du protocole d’accord conclu entre le gouvernement birman et les gouvernements étrangers concernés. Mais depuis le 17 janvier, la junte a totalement suspendu la délivrance et le renouvellement des passeports, ainsi que l’acceptation des nouvelles demandes de passeport.
Les raisons de cette suspension et sa durée n’ont pas été précisées par le régime.
Les défenseurs des droits des travailleurs estiment que cette mesure est motivée par des considérations politiques, la junte cherchant à réduire les fonds versés par les travailleurs birmans à l’étranger à la résistance armée connue sous le nom de Forces de défense du peuple. La suspension du passeport constitue une violation des droits de l’homme, ont déclaré les militants syndicaux.
Daw Thuzar Maung, un militant des droits des travailleurs, a déclaré que la majorité des travailleurs migrants birman en Malaisie font des dons au mouvement de résistance.
De nombreux travailleurs migrants birman en Malaisie choisissent de dépasser la durée de leur visa, car ils ne veulent pas avoir affaire à l’ambassade contrôlée par la junte. Au lieu de cela, ils demandent des permis de travail et de résidence délivrés localement, a ajouté Daw Thuzar Maung.
Selon les observateurs, en suspendant les services de passeport, la junte veut également empêcher les militants anti-régime de quitter le pays en se faisant passer pour des travailleurs migrants.
Des jeunes et des personnes d’âge moyen quittent quotidiennement la Birmanie dans l’espoir de meilleures perspectives économiques, après avoir été privés de leurs moyens de subsistance et de leur sécurité dans la tourmente provoquée par le coup d’État de l’armée birmane en février 2021. Le putsch a provoqué l’exode des entreprises étrangères birmanes, ce qui n’a fait qu’aggraver l’économie du pays.
Les principales destinations des personnes quittant la Birmanie sont la Thaïlande, la Malaisie, la Corée et le Japon. C’est en Thaïlande que l’on trouve la plus grande population de travailleurs migrants birmans, 400 000 personnes supplémentaires s’y étant installées depuis le coup d’État, selon des militants des droits des travailleurs.