Le quotidien français Le Monde relate, dans son édition du 2 février, le procès de l’agresseur de la dissidente Aum Neko, réfugiée en France. Nous en publions des extraits. L’intégralité de l’article d’Adrien Le Gal est disponible sur le site du Monde ici.
Des demi-réponses, des oublis et des affirmations défiant toute vraisemblance. Dans son box de la cour d’appel, Petr Donatek n’a donné aucune indication sur les raisons qui l’ont poussé à organiser l’agression, le 17 novembre 2019, à Paris, d’Aum Neko, une réfugiée politique thaïlandaise, connue pour ses prises de position virulentes contre la monarchie et le gouvernement issu d’un coup d’Etat militaire en 2014.
Ce soir de 2019, plusieurs Thaïlandais expatriés en France, dont des réfugiés politiques, se retrouvent au Zinc, un bar du 15e arrondissement de Paris, à l’occasion d’un anniversaire. Lorsqu’ils sortent de l’établissement, deux hommes se précipitent sur eux. Aum Neko reçoit un coup au visage, chute au sol, où elle est de nouveau violemment frappée. Un autre réfugié, Nithiwat Wannasiri, est blessé lorsqu’il tente de s’interposer. La scène ne dure qu’une poignée de secondes. Les deux agresseurs quittent aussitôt les lieux.
L’affaire n’aurait sans doute eu aucune suite si les amis d’Aum Neko n’avaient poursuivi les assaillants et appelé les secours. Or, une patrouille de police qui passait à proximité interpelle les agresseurs, deux ressortissants tchèques, Daniel Vokal et Jakub Hosek.
Le troisième homme
L’instruction a fait, par la suite, apparaître un troisième homme : Petr Donatek, un ancien policier tchèque, qui a acheté les billets d’avion du groupe, réglé leurs dépenses pendant le séjour et, surtout, aurait filmé l’agression depuis le bar situé en face du Zinc. Face aux enquêteurs, Jakub Hosek va plus loin : il affirme que 50 000 couronnes (environ 2 000 euros) lui avaient été promises pour commettre l’agression. Il se rétractera par la suite.
Les deux auteurs des faits ont été condamnés à vingt-six mois de prison ferme, le 23 novembre 2021. Petr Donatek, lui, ne s’était alors pas rendu en France, affirmant avoir contracté le Covid-19 peu avant l’audience. En son absence, le tribunal de Paris lui avait infligé une peine de trente mois de prison pour avoir planifié l’agression. Il avait fait appel, depuis la République tchèque, où il vivait librement et poursuivait ses activités de professeur d’arts martiaux. Mais, le 13 juillet 2022, alors qu’il passe ses vacances en Italie, il est arrêté en application d’un mandat d’arrêt européen, et remis trois mois plus tard aux autorités françaises.