En rejouant son interdiction des exportations de nickel en 2020, le gouvernement indonésien a l’intention d’imposer une réglementation similaire sur la bauxite à partir de juin, dans le cadre d’un vaste plan visant à reprendre le contrôle des abondantes ressources naturelles du pays. L’information est donnée par le site Asia Sentinel. Ce plan vise à encourager l’industrie nationale de traitement et de raffinage de la bauxite. S’il est appliqué, les recettes de l’État provenant de la bauxite, qui est essentielle à la production d’aluminium, devraient augmenter fortement. Le cuivre, l’étain et l’or sont censés être les prochains en raison des doutes quant à la capacité du pays à mettre en œuvre cette politique et de la résistance probable des pays importateurs.
Néanmoins, le président Joko Widodo, plus connu sous le nom de Jokowi, a décrété qu’après des décennies d’exploitation par les multinationales, les exportations de matières premières, dont la bauxite, continueront de diminuer et la production en aval continuera d’augmenter. Le gouvernement souhaite réaliser la souveraineté sur les ressources naturelles et augmenter la valeur ajoutée nationale afin d’encourager l’amélioration des opportunités d’emploi et d’engraisser les devises étrangères. L’interdiction d’exporter de la bauxite, a-t-il ajouté, a également été mise en œuvre en raison des avantages de l’interdiction d’exporter du nickel, dont l’Indonésie affirme qu’il est très rentable.
La bauxite traitée, raffinée en alumine, vaut huit fois plus que le minerai brut. Si l’Indonésie vend cette bauxite traitée ou au moins sous forme d’alumine, on estime que les recettes de l’État seraient multipliées par trois, passant de 21 000 milliards de Rp à 62 000 milliards de Rp. Les réserves de minerai de bauxite sont estimées à 3,2 milliards de tonnes. La production de 2021 est estimée à 25,8 millions de tonnes, dont 2,2 millions de tonnes ont été absorbées par les fonderies nationales, les 23,2 millions restants étant exportés à l’étranger. D’après les données du ministère de l’énergie et des ressources minérales (ESDM) en 2021, il n’y a que trois fonderies en activité avec une capacité totale d’entrée de 4,56 millions de tonnes de minerai de bauxite.
Ces dernières années, le gouvernement a interdit l’exportation de ressources naturelles brutes telles que le charbon et l’huile de palme, en plus du nickel, auquel on attribue le mérite d’avoir sauvé l’économie pendant la crise du coronavirus Covid-19. Pendant la crise mondiale due à la pandémie et à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, la balance commerciale de l’Indonésie a en fait été excédentaire, la valeur des exportations étant 29 fois supérieure à celle des importations.
Remerciements à Michel Prévot
