Notre ami et chroniqueur Patrick Chesneau avait récemment raconté avec talent la discipline au sein des écoles Thaïlandaises. France Inter s’est emparé de ce sujet dans une chronique matinale que voici. Gavroche reste à l’affut des médias Français pour tout ce qui concerne les pays du sourire !

Une chronique de France Inter signée Anthony Bellanger.

Depuis les années 1970, les écoles du pays appliquent des règles capillaires strictes : au carré pour les filles, dégagé pour les garçons. Des règles très contestées.
Vous nous emmenez à l’école en Thaïlande…

La scène se passe il y a quelques jours dans une école de la province de Phetchabun, dans le centre rural du pays. Elle a été immortalisée grâce aux téléphones portables des élèves. On y voit une centaine de collégiens assis par terre dans la cour en rangs serrés.

On y voit aussi un professeur affairé à leur couper les cheveux, les uns après les autres. Les images montrent des mèches noires gisant sur le sol et des élèves hagards, sortant de cette séance la tête rasée. Bref, il s’agissait d’une punition collective.

Quelle était la faute commise par cette centaine de collégiens ? Eh bien justement, de ne pas avoir respecté les règles strictes de style qui s’appliquent aux coiffures scolaires.
Il y a des coupes de cheveux réglementaires dans les écoles en Thaïlande ?

Ça dure depuis les années 1970 et ce sont les militaires qui ont inspiré ces règles : court et dégagé sur les oreilles pour les garçons ; au carré et pas plus long que le lobe de l’oreille pour les filles. Le tout s’est appliqué jusqu’au mois dernier !

Parce qu’à force de protestations, le ministère de l’Éducation a décidé de supprimer ces coupes de cheveux obligatoires au niveau national mais de laisser les écoles décider de leurs propres règles de conduite capillaire.

Certains parents d’élèves mobilisés ont aussitôt répliqué que c’était encore pire : en se débarrassant du problème sur les écoles, le ministère ouvre la voie à l’arbitraire local.
Et ces vidéos de punition scolaire collective en sont une illustration ?

Elles ont été publiées par Bad Students, une association qui milite pour une école moins conformiste et qui assure recevoir 3 ou 4 vidéos par jour où l’on voit des élèves punis, la tête rasée par des profs.

Dans le cas de l’école de Phetchabun, le ministère a d’abord expliqué comprendre l’enseignant, avant finalement – devant le scandale – d’accepter d’ouvrir une enquête.
Il faut en plus avoir que dans la culture thaï, les cheveux sont l’objet de fierté, notamment pour les femmes, et entouré de superstitions : on ne doit pas les couper le mercredi, ni les laver avant les grandes fêtes, comme celle du Tet.

Vous voulez dire qu’y toucher est une humiliation ?

Il y a aussi un contexte politique derrière cette « guerre des cheveux ». La Thaïlande est dirigée depuis 2014 par une junte militaire qui promeut une vision très traditionaliste de la société qu’on pourrait résumer par : ordre et monarchie.

Sur le plan politique, les militaires ont tout verrouillé, reste leur autoritarisme. Or, la longueur des cheveux des collégiens thaïlandais peut être vue comme un angle d’attaque d’une société civile en résistance.

Pour écouter la chronique: https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-d-anthony-bellanger/histoires-du-monde-du-jeudi-16-fevrier-2023-2191065