Notre ami et chroniqueur Patrick Chesneau aime parler de la Thaïlande avec romantisme. Et de Bangkok aussi…
Une féérie orientale, Bangkok s’étire dans la nuit. Minaude sous le dôme étoilé. Tapis de lumières. La ville géante, telle une hydre momentanément apprivoisée, clignote, irradie, s’empourpre. Se pare d’enluminures dans la courbe du fleuve Chao Phraya. Surgie de l’obscurité qui enveloppe la Thaïlande dès le crépuscule, cette monstruosité de verre et d’acier dévoile une chair étonnamment irisée. S’habille de velours. Ourlets en satin. Foin d’affèteries obséquieuses, on pourrait aussi la voir comme un corps déglingué qui palpite au gré des migrations pendulaires de ses douze millions d’habitants. Mégapole de tant de superlatifs.
A la dévisager sans jamais en être rassasié, on pourrait tout de même craindre que surgissent des traits de caractère névrotique. Ce serait proprement effrayant. Pourtant, ces entrailles insatiables sont aussi capables d’une infinie douceur. La Cité des Anges devient magnétique. Le regard cède à une irrésistible contemplation hypnotique. A cet instant, s’offre un panorama voluptueux peuplé de paradoxes. L’intimité d’une ruelle est vite avalée par la démesure de banlieues organisées en guirlandes concentriques. Géométrie amoureuse entre le noyau et sa circonférence. Pour dessiner cette cartographie noctambule, il suffit de s’en remettre aux intermittences du cœur. Bangkok, cri strident d’un amour inextinguible.
Patrick Chesneau