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INDONÉSIE – POLITIQUE : Jokowi cherche-t-il à prolonger son pouvoir ?

Date de publication : 08/03/2023
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Joko Widodo Indonésie

 

La décision du tribunal ordonnant à la Commission électorale générale (KPU) de relancer l’ensemble du processus de préparation des élections législatives et présidentielles initialement prévues pour février 2024 s’inscrit dans un schéma que nous observons depuis environ deux ans : Retarder les élections et donc permettre au président sortant Joko “Jokowi” Widodo de rester au pouvoir au-delà d’octobre 2024. Telle est l’interrogation d’une partie de la presse indonésienne.

 

Jeudi 2 mars, le tribunal de district du centre de Jakarta a donné raison au parti Prima, un petit parti politique qui contestait la décision du KPU de le radier des élections législatives de 2024 au motif qu’il ne remplissait pas les conditions minimales requises. Le tribunal a ordonné au KPU d’abandonner toute préparation des élections et de “relancer le processus pendant environ deux ans, quatre mois et sept jours, à compter du jour de cette décision.” Cela signifie que les élections ne pourront avoir lieu qu’en juillet 2025 au plus tôt.

 

Il s’agit d’une manœuvre sournoise car, contrairement à ce que rapportent les médias, le tribunal n’a pas spécifiquement ordonné au KPU de reporter les élections. Au contraire, le report est une conséquence du verdict, ce qui permet au tribunal de s’en laver les mains et de rejeter toute la responsabilité sur la KPU qui n’a pas fait son travail correctement.

 

Prima est l’un des dizaines de nouveaux partis politiques qui, l’année dernière, n’ont pas réussi à s’inscrire aux élections de 2024 auprès du KPU parce qu’ils ne remplissaient pas l’exigence minimale de représentation dans les régions au moment de la clôture des inscriptions. Il a depuis contesté la décision du KPU, d’abord auprès de l’organe de surveillance des élections (Bawaslu), puis auprès du tribunal administratif de Djakarta, avant de venir devant le tribunal de district de Djakarta central, qui s’est prononcé cette semaine en sa faveur.

 

Le parti a été fondé par des militants du Parti démocratique populaire (PRD), parti de gauche disparu, en 2021. Son président, le général de division (retraité) Gautama Wiranegara, est un ancien officier de renseignement.

 

Le président Jokowi s’est à plusieurs reprises lavé les mains des campagnes visant à le maintenir au pouvoir, affirmant qu’il se retirera le moment venu et que les élections de 2024 se dérouleront comme prévu. Il n’a pas parlé de cette dernière campagne menée en son nom, mais non seulement il dispose d’un démenti plausible, mais il peut également affirmer qu’il n’interférerait pas avec la loi.

 

De nombreux membres de son cercle restreint sont à l’origine de certaines des campagnes passées, arguant que Jokowi doit aller au bout de certains de ses héritages, dont notamment la construction initiale de Nusantara, une ville flambant neuve construite à partir d’une forêt dans le Kalimantan oriental, qui deviendra la capitale du pays en remplacement de Jakarta. Il n’a jamais condamné publiquement ces campagnes, suggérant même à un moment donné qu’il s’agissait d’une aspiration légitime qui devait être respectée dans une démocratie.

 

Le projet de capitale n’a jamais été populaire auprès du public, mais Jokowi s’est assuré le soutien politique des sept partis politiques de sa coalition gouvernementale qui contrôle 80 % des sièges de la Chambre des représentants. Certains craignent que le successeur de Jokowi en 2024, quel qu’il soit, ne supprime le nouveau projet de capitale. D’où la nécessité pour lui de rester en poste.

 

Les réactions contre la décision de la Cour ont été vives et rapides, affirmant qu’elle violait la Constitution. Des experts en droit constitutionnel tels que Jimly Asshiddiqie ont demandé la révocation des trois juges du panel, tandis que Yusril Ihza Mahendra a déclaré que l’affaire aurait dû être jugée par un tribunal civil plutôt que pénal et que le verdict n’était pas contraignant. Jaleswari Pramodhawardani, du bureau présidentiel, a demandé au KPU de poursuivre la préparation des élections.

 

Le KPU a déclaré qu’il ferait appel de cette décision. Même en supposant que la Haute Cour donne raison à la KPU, la décision initiale a déjà fait son travail en semant le doute sur l’intégrité et la crédibilité de l’agence électorale.

 

Remerciements à Paul Di Rosa

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