Lors d’une conférence de presse au Democracy Monument le 22 mars, la cheffe du groupe Ratsadon, Patsaravalee Tanakitvibulpon ou « Mind », a annoncé que le groupe Ratsadon appelait tous les électeurs éligibles à se joindre à la campagne « Votez pour le changement » en veillant à ce que la course nationale au Parlement se déroule de manière libre, transparente et équitable. En souhaitant que les partis pro-démocratie qui pourraient éventuellement obtenir une majorité de députés atteignent les objectifs résolus du groupe.
Selon le groupe Ratsadon, les partis pro-démocratie doivent contribuer aux « changements structurels » liés au bureaucratisme militaire et antidémocratique qui déclenche facilement un coup d’État, ainsi qu’en réformant la monarchie. Le groupe Ratsadon a également appelé les partis pro-démocratie à réformer la monarchie en commençant par l’amendement tant attendu de la loi draconienne de lèse-majesté, mieux connue sous le nom de section 112 du Code pénal. Ils ont également été encouragés à amender davantage la constitution conçue par la junte putschiste de 2017 pour la rendre véritablement démocratique et mettre fin au régime « d’élite tyrannique » dirigé, selon ses détracteurs, par le Premier ministre Prayut Chan-o-cha arrivé au pouvoir via le coup d’État militaire de 2014.
Une rencontre improbable et médiatisée entre « Mind » et le général Prawit
Le lendemain de cet appel du groupe Ratsadon, et de manière surprenante, Prawit Wongsuwon, vice-Premier ministre et chef du Palang Pracharat (PPRP), a reçu Patsaravalee « Mind »Tanakitvibulpon au siège du parti à Bangkok. Opération séduction envers les jeunes électeurs de la part de Prawit ? Il lui a déclaré « qu’il n’y aurait pas de coup d’État militaire si les Thaïlandais s’unissaient ». Il répondait après qu’elle lui ait demandé comment le nouveau gouvernement empêcherait un nouveau coup d’État.
Cependant, Prawit a refusé d’en exclure la possibilité future en Thaïlande : « si le pays tombe dans la tourmente, un coup d’État est indispensable » a-t-il déclaré. Patsaravalee a également demandé si la politique du PPRP de « surmonter tous les conflits » inclurait le pardon des prisonniers politiques. Depuis juillet 2020, au moins 1 895 personnes ont été poursuivies pour avoir exprimé des opinions politiques, selon Thai Lawyers for Human Rights. « Je veux aider les Thaïlandais à rester unis et à faire avancer le pays ensemble sans aucun conflit. C’est mon aspiration personnelle et non une décision politique » a répondu le général Prawit. Il a également déclaré à Patsaravalee qu’il ne prévoyait pas de modifier la Constitution de 2017 rédigée par la junte. Avant de mettre fin à cette rencontre, Patsaravalee et Prawit ont pris, souriants, un selfie ensemble.
Philippe Bergues