Gavroche vous propose une série de portraits avant les élections législatives thaïlandaises du 14 mai. Notre collaborateur Philippe Bergues s’attarde aujourd’hui sur le cas de Paetongtarn Shinawatra, bien placée dans les sondages pour partir à l’assaut de « Government House ».
Paetongtarn Shinawatra, 36 ans, a été officialisée la semaine dernière par le Pheu Thai comme 1ère candidate du parti au poste de Premier ministre. Son père, Thaksin, et sa tante, Yingluck, ont tous deux été évincés du pouvoir par un coup d’État militaire en 2006 et 2014. Et le beau-frère de Thaksin, Somchai Wonsawat a été brièvement chef du gouvernement en 2008. En cas de succès, Paetongtarn, enceinte de 8 mois, pourrait donc devenir le quatrième membre de la famille Shinawatra à obtenir cette fonction suprême en un quart de siècle.
Paetongtarn en tête dans les sondages avec un programme « thaksinien » bien huilé.
«Nous aiderons à ramener la démocratie»
Malgré sa grossesse, Paetongtarn, aussi surnommée « Ung Ing » a multiplié ces deux derniers mois les meetings avec les cadres du Pheu Thai. L’un des sinterlocuteurs fréquents est Srettha Thavisin, ancien magnat de l’immobilier qui a récemment démissionné de ses fonctions de PDG du groupe Sansiri Plc et Chaikasem Nitisiri, senior de la politique et ancien ministre de la Justice, respectivement 2ème et 3ème choix du parti comme candidats au poste de Premier ministre.
« Nous aiderons à ramener la démocratie, à donner une vie meilleure au peuple et à ramener la richesse dans le pays qui a disparu depuis près d’une décennie » a déclaré Paetongtarn dans un stade plein à craquer à Nonthaburi, la semaine dernière. Allusions directes aux « manquements » du régime Prayut Chan-o-cha depuis 2014 selon la jeune candidate. Avec un programme populiste que ne renierait pas Thaksin, le Pheu Thai a promis de relever le salaire minimum journalier de 300 à 600 bahts, l’extension des soins médicaux et la réduction des tarifs des transports publics. « Nous avons gagné des élections mais avons également fait face à des coups d’État militaires. Aucun d’entre nous n’en veut plus, n’est-ce pas ? Aucun de nous ne veut plus de coup d’État, n’est-ce pas ? » a ajouté la cadette des Shinawatra, rappelant l’histoire à ses partisans de rouge vêtus au même meeting, la couleur symbolique du Pheu Thai. Largement en tête dans les sondages, le Pheu Thai espère au moins 310 sièges (sur 500 à la chambre basse). Car le parti sait qu’avec les 250 sénateurs cooptés par la junte depuis la Constitution de 2017, le match sera difficile et qu’il faudra 376 voix de parlementaires pour former une majorité gouvernementale.
L’héritière de Thaksin et de la marque Shinawatra
Paetongtarn, la plus jeune des trois enfants nés de Thaksin et de son ex-épouse Potjaman Danapong, a grandi à Bangkok et en Angleterre. Éduquée dans les écoles catholiques prestigieuses de Saint Joseph Convent et de Mater Dei dans la capitale thaïlandaise, elle a obtenu une licence en sciences politiques à l’Université de Chulalongkorn en 2008. Elle a ensuite déménagé au Royaume-Uni pour étudier une maîtrise en gestion hôtelière internationale à l’Université de Surrey. Puis a travaillé dans l’empire commercial familial dans les secteurs de l’immobilier et de l’hôtellerie.
Elle n’est que tardivement entrée en politique en octobre 2021, devenant conseillère en innovation du Pheu Thai. Quoi que novice en politique, Paetongtarn incarne inévitablement l’héritage du clan Shinawatra, de son père et de sa tante en exil à Dubaï. Son nom de famille est à la fois un atout et un handicap. Sur son patronyme, des millions d’électeurs voteront pour les candidats du parti qui n’oublient pas avec nostalgie les années où Thaksin et Yingluck étaient au pouvoir tandis que d’autres trouveront la dynastie Shinawatra trop clivante et source de discorde. « Je l’ai vue se consacrer au parti et elle a fait du bon travail même si elle est enceinte. Maintenant qu’elle est plus âgée, elle décide par elle-même. Je ne la contrôle pas. Elle a l’ADN de sa mère et a des caractéristiques que je n’ai pas, donc si elle devenait Premier ministre, elle ferait mieux que moi », a déclaré Thaksin à propos de sa fille en mars dans une forme d’adoubement. Bien qu’il ait récemment précisé qu’il rentrerait cette année en Thaïlande, y compris s’il fallait passer par la case prison, Paetongtarn Shinawatra ne veut pas tomber dans le piège politique et ne veut pas être ressentie comme facilitatrice si elle parvenait au pouvoir : « Il veut revenir pour être avec son petit-fils et sa famille. Il veut mourir ici en Thaïlande. Son retour n’est pas pour créer le chaos » a t-elle récemment déclaré.
L’United Thai Nation du Général Prayut va-t-il pilonner le clan Thaksin ?
Les élections du 14 mai diront si le Pheu Thai et Paetongtarn gagnent leur pari de revenir au pouvoir. Néanmoins, le parti dispose d’une alternative au cas où les partis militaires, et en particulier l’United Thai Nation de Prayut, composé de nombreux cadres anti-thaksiniens ultra-royalistes, ne pilonnent pas la famille Shinawatra lors de ce dernier mois de campagne. Srettha Thavisin, figure des affaires et de la réussite professionnelle avec son groupe Sansiri, pourrait apparaître dans ce cas comme plus consensuel pour former une coalition et diriger le gouvernement en cas de victoire.
Philippe Bergues
étrange que le journaliste ne parle pas des promesses de don de 10 000 bahts en monnaies virtuelles pour chaque citoyen…voila bien la démocratie à la sauce Thaksin
ps: monnaie qui ne sera pas interchangeable…à moins d’un krach financier…à moins que les 140 milliards de riz de sa tante ne réapparaissent ?
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