GAVROCHE HEBDO – ÉDITORIAL : Pita Limjaroenrat ou le grand chamboule-tout politique thaïlandais
Il faut toujours se montrer prudent lorsque l’on commente les résultats des élections législatives thaïlandaises. L’histoire a en effet montré que les chiffres d’élus sortis des urnes ne se traduisent pas toujours par une conquête immédiate du pouvoir. Le parti d’opposition Move Forward et son nouveau leader, Pita Limjaroenrat, est donc aujourd’hui en pole position dans la salle d’attente. La déferlante orange a eu lieu. L’intéressé, très populaire, s’est déclaré prêt à devenir premier ministre. La dynamique politique est indéniablement en sa faveur.
Une question demeure toutefois : quelle est la signification de ce grand chamboule-tout démocratique annoncé ? La victoire nette des deux principaux partis d’opposition, le « Move Forward » et le « Pheu Thai », traduit-elle la volonté de voir ses deux formations gouverner le pays et mettre en œuvre leur programme ? Ou est-ce le résultat, pour le « Move Forward », d’une vague sociétale menée par la jeunesse, et pour le « Pheu Thai » des promesses à la Thaksin faites durant la campagne, avec annonces de compensations sonnantes et trébuchantes à la clé ?
Pita Limjaroenrat est un animal politique thaïlandais d’un genre nouveau. Toutes ces phrases ou presque sont matinées de mots anglais. Toutes ses décisions semblent être le résultat d’un casting occidental. Les réseaux sociaux l’ont sacré avant les urnes, grâce à son physique avantageux et à son ex épouse, vedette de cinéma. Le défi est donc pour lui, aujourd’hui, de gagner une crédibilité gouvernementale et d’incarner autre chose qu’une relève artificielle et médiatique. Le grand chamboule tout thaïlandais a mis les généraux et l’armée le dos au mur. Il faut désormais que Pita le vainqueur, d’une façon ou d’une autre, leur tende la main et leur offre des garanties. Pour éviter de devenir une cible.