Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.
Politique, Diplomatie
La résolution du Parlement européen sur la dissolution des partis politiques démocratiques en Birmanie adoptée le 11 mai fait suite à une initiative des libéraux Renew et des Verts. Elle est une condamnation, très ferme, du « régime violent et illégitime » de la junte au pouvoir depuis le 1er février 2021. Le texte a été adopté avec une très large majorité : 454 voix pour, 5 contre et 39 abstentions. La résolution interroge également la Commission européenne sur le régime «Tout sauf les armes» qui bénéficie, notamment au secteur de la confection birmane. Le Parlement européen s’inquiète, une nouvelle fois, qu’il puisse profiter au régime militaire et s’interroge sur le programme MADE. De nouvelles sanctions économiques, notamment sur le système bancaire, sont suggérées.
Un nouveau rapport de l’ONU indique que l’armée birmane a importé de Russie, de Chine et d’autres pays des armes et du matériel connexe d’une valeur d’au moins un milliard de dollars depuis le coup d’État de février 2021, qu’elle a utilisés pour commettre des atrocités contre les civils. Le rapport identifie également Singapour comme l’un des principaux fournisseurs, suivi de l’Inde et de la Thaïlande. Le rapport fait état de plus de 12 500 achats qui ont été expédiés directement à l’armée de Birmanie ou à des marchands d’armes connus travaillant pour l’armée entre le 1er février 2021, date à laquelle l’armée a évincé le gouvernement élu d’Aung San Suu Kyi, et décembre 2022. Le rapport identifie 406 millions de dollars d’armes et de matériel envoyés à la junte de Birmanie par la Russie, 267 millions de dollars par la Chine, 254 millions de dollars par Singapour, 51 millions de dollars par l’Inde et 28 millions de dollars par la Thaïlande.
Plus de 120 membres élus de l’ex parlement birman ont été arrêtés par le régime militaire à la suite du coup d’État de 2021, et 16 d’entre eux ont perdu la vie en prison ou dans la clandestinité. Le coup d’État a eu lieu tôt le matin, alors que les candidats victorieux des élections générales de 2020 – dont les résultats ont été annulés par la junte après le coup d’État – se préparaient à l’ouverture de la nouvelle session parlementaire, Dans un communiqué publié vendredi 19 mai, le CRPH, un comité parlementaire formé par un groupe de législateurs élus au Parlement dissous par le coup d’État, a déclaré qu’à la date de vendredi, 41 législateurs du Parlement de l’Union et 87 législateurs régionaux avaient été arrêtés. Au moins 88 d’entre eux sont toujours détenus.
Économie
Au deuxième trimestre 2023, la capacité installée de production électrique de la Birmanie est inférieure de 2 444 MW à celle qui était projetée antérieurement au coup d’État. Selon les données élaborées par Guillaume de Langre, ancien conseiller du gouvernement civil en matière de politique énergétique, 1 418 MW résulteraient de l’annulation ou du report de projets dont la mise en production était alors programmée, 800 MW du fait de la fermeture d’un certain nombre de centrales, et 226 MW suite à l’endommagement des lignes électriques du fait de leur sabotage par les forces de résistance. En majorité, les coupures de courant résulteraient en outre du chaos économique, d’une mauvaise gestion et de la perte de confiance des investisseurs dans le pouvoir en place.
Société
Le très violent cyclone Mocha a traversé le 14 mai toute la côte maritime nord-ouest de la Birmanie et touché principalement l’État Rakhine. L’État Chin et les régions Magwe et Sagaing ont été touchés également. Sur les 5,4 millions de personnes affectées par la trajectoire de ce cyclone, 3,2 millions sont considérées comme étant particulièrement vulnérables et susceptibles d’avoir besoin d’un soutien humanitaire. Des infrastructures publiques, y compris des hôpitaux, des banques et des édifices religieux, ont été gravement endommagées dans toute la zone d’impact. Les organisations humanitaires, le secteur privé et public livrent de la nourriture et des médicaments aux communautés qui font face aux besoins les plus urgents.
L’État de Rakhine, dans l’ouest de la Birmanie, a été frappé par le cyclone Mocha après qu’il a touché terre dimanche. La tempête a tué des centaines de personnes, des milliers de têtes de bétail et a semé la désolation dans les communautés agricoles rurales. Au moins 800 000 personnes en Birmanie ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence.
Vendredi 19 mai, Ko Wai Moe Naing, militant anti-junte emprisonné, a été reconnu coupable de haute trahison et condamné à une peine supplémentaire de 20 ans par un tribunal de la junte, ce qui porte sa peine totale à 54 ans. Ce militant pro-démocratie de 28 ans a été violemment arrêté le 15 avril 2021, lorsque les troupes de la junte l’ont percuté avec une voiture alors qu’il menait une manifestation à moto à Monywa, dans la région de Sagaing. Ko Wai Moe Naing devait répondre de dix chefs d’accusation, dont sédition, rassemblement illégal, enlèvement dans l’intention de tuer, meurtre et trahison, pour son rôle dans les manifestations de Monywa après le coup d’État du 1er février. La junte l’a condamné à 34 ans de prison pour huit chefs d’accusation. Le 19 mai, le tribunal de la prison de Monywa a invoqué l’article 122 du code pénal pour ajouter 20 ans à sa peine pour haute trahison.
La junte birmane a révoqué les licences de trois hôpitaux privés de Mandalay pour avoir employé des médecins en grève. L’ordre de la junte qui a fait l’objet d’une fuite lundi indique que les licences d’exploitation des hôpitaux Kant Kaw, City et Palace ont été révoquées car ils n’ont pas respecté l’article 19(a) des règles d’octroi de licences pour les services de santé privés. Des sources ont déclaré que les hôpitaux, qui emploient collectivement environ 800 personnes, ont été ciblés parce qu’ils ont embauché et aidé des médecins en grève qui ont rejoint le mouvement de désobéissance civile (CDM).
La police et les troupes birmanes sont à la recherche de neuf membres des Forces de défense du peuple parmi les 10 qui se sont évadés d’une prison dans la région de Bago, a annoncé vendredi la junte. Neuf hommes et une femme se sont évadés de la prison de Taungoo. L’un d’eux a été abattu par les gardes. L’évasion a eu lieu jeudi après-midi après que les prisonniers ont été sortis de leurs cellules pour être jugés, selon un membre des Forces de défense du peuple qui a requis l’anonymat.