Au Festival de Cannes, le jury de la semaine de la critique, présidé par la réalisatrice française Audrey Diwan (L’Évènement, lion d’or à Venise), a attribué son Grand prix à la Malaisienne Amanda Nell Eu pour Tiger Stripes, un film sur la puberté mêlant comédie adolescente et horreur.
Récit d’émancipation, le film suit Zaffan, 12 ans, qui vit dans une petite communauté rurale de Malaisie. Elle voit son corps se transformer à une vitesse inquiétante. Luttant pour rester normale à l’école, Zaffan tente de cacher «son moi grotesque». Mais bientôt cela n’est plus possible, et elle est humiliée devant toute sa classe. Ses amies se détournent d’elle lorsqu’une crise d’hystérie collective frappe l’école. La peur se répand et un médecin intervient pour chasser le démon qui hante les filles. « Zaffan est contrainte à un exorcisme impliquant des méthodes extrêmes de honte et de torture. Et comme un tigre qui a été traîné hors de son habitat et piqué parce que nous le craignons, parce que nous ne le connaissons pas, Zaffan se lève finalement et décide de révéler à tout le monde ce qu’elle a caché – sa vraie nature, sa colère, sa rage et sa beauté », précise le synopsis.
L’influence des contes et légendes traditionnels
Ayant passé son adolescence en Angleterre, diplômée de la London Film School, Amanda Nell Eu dit s’être inspirée «des contes et légendes d’Asie du Sud-Est qui à travers leurs récits reflètent et commentent le patriarcat». « Dans Tiger Stripes, les adultes sont presque des caricatures. Enfant, je les voyais comme des figures d’autorité plutôt que des êtres humains », a confié à Variety la réalisatrice de 37 ans qui se souvient d’avoir « été terrifiée par son passage à la puberté et les non-dits et les sentiments de honte associés ».