Pour qui suit la politique asiatique, où les dynasties conservent le pouvoir au-delà des urnes, l’actuelle entrée en campagne des candidats à la présidence indonésienne mérite d’être scrutée avec attention. Les enjeux concernent toute la région, tant l’immense archipel est un géant dont chaque pas de travers peut affecter l’ensemble de ses voisins. Or un homme résume aujourd’hui le risque indonésien : l’actuel ministre de la Défense Prabowo Subianto, ex-gendre du dictateur Suharto, deux fois battu par le Chef de l’État sortant Joko Widodo. Avant que ce dernier, pour calmer le jeu, choisisse de lui confier la responsabilité des armées. Et la manne sonnante et trébuchante des contrats militaires…
Or Prabowo Subianto, 71 ans, n’est pas n’importe quel officier transformé en politicien de premier plan. Sa responsabilité dans la violence qui suivit la chute de son beau-père et du régime dictatorial, à la fin des années 90, ne fait aucun doute. Commandant en chef des forces spéciales, ce germanophone accompli, apprécié de la France et de ses industriels, a toujours utilisé la force pour parvenir à ses fins. Le voir aujourd’hui courtisé par les capitales européennes, dont Paris, mérite donc quelques explications de texte. Pourquoi un tel retour en grâce alors que dans d’autres pays, une tolérance zéro s’applique envers les hommes en uniforme sortis de leurs casernes ?
Une nouvelle apparence
Les nouveaux habits ne changent pas un homme. Ils lui donnent une nouvelle apparence. Ils lui confèrent une respectabilité de circonstances. Ils polissent son image médiatique. Prabowo Subianto est de la race des dirigeants qui, s’ils avaient pu le faire, se seraient emparés du pouvoir par les armes. Ne l’oublions pas lorsque les 230 millions d’électeurs indonésiens seront appelés aux urnes en 2024. Sa victoire, si elle survient, sera un signal que la plupart des pays de la région, moins oublieux du passé que les occidentaux, recevra 5 sur 5.
Tout va bien pour celui qui le veut !