Un tribunal thaïlandais a acquitté mercredi 28 juin cinq personnes pour avoir entravé le cortège de la reine lors de manifestations pro-démocratie en 2020, une infraction qui aurait pu les voir condamnés à 16 ans de prison, voire à la peine de mort. Le verdict du tribunal pénal de Bangkok a été rendu dans une affaire intentée en vertu de l’article 110 du code pénal, peu utilisé et qui cible des actions visant à « porter atteinte à la liberté de la reine, de l’héritier présomptif et du régent ».

Le tribunal a estimé que les militants n’avaient pas menacé le cortège royal et que la police n’avait pas pris les mesures nécessaires pour dégager le parcours ou informer les manifestants, selon l’ONG Thai Lawyers for Human Rights (TLHR) qui représentait les prévenus.

Le verdict a représenté une rare victoire juridique pour le mouvement pro-démocratie thaïlandais. Les accusés ont remercié le tribunal, l’un d’entre eux, Ekachai Hongkangwan, affirmant qu’il avait toujours eu confiance que les tribunaux seraient justes et que les juges avaient montré que les gens pouvaient toujours compter sur le système judiciaire.

Une affaire de 2020, année des fortes manifestations étudiantes

L’affaire découle d’un incident survenu le 14 octobre 2020, en marge d’un rassemblement à Bangkok qui appelait à des réformes démocratiques, notamment sur les privilèges de la puissante monarchie thaïlandaise. L’un des accusés, Bunkueanun Paothong, étudiant en relations internationales âgé de 23 ans – largement connu sous son surnom de Francis – avait insisté tout au long de l’affaire sur le fait qu’elle était erronée. Il avait nié savoir qu’un cortège royal devait passer et a déclaré que lorsqu’il l’avait vu, il avait exhorté les gens à s’éloigner. Les procureurs avaient allégué qu’il savait que le cortège royal, avec une limousine transportant la reine Suthida, épouse du roi Vajiralongkorn, et son fils, le prince Dipangkorn, alors âgé de 15 ans, devait passer dans la zone et que lui et ses co-accusés s’étaient détachés. pour barrer sa route. Ils ont également accusé de s’être battus avec des policiers qui sécurisaient le chemin, puis ont exhorté les autres manifestants à s’asseoir sur la route pour empêcher son passage.

L’affaire du cortège est l’une des dizaines d’accusations de lèse-majesté ou de sédition portées contre des partisans du mouvement pro-démocratie et qui sont toujours en cours devant les tribunaux.

Philippe Bergues

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