Le quotidien français « Le Monde » vient de consacrer un long article au retour en Thaïlande de l’ex premier ministre Thaksin Shinawatra. Nous en publions des extraits. La version complète et originale est à consulter sur le site lemonde.fr dont nous vous recommandons la lecture.
Pour pouvoir revenir au pays après quinze années d’exil, il s’est allié avec le diable : l’ancien premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra, 74 ans, est arrivé à Bangkok, mardi 22 août, au lendemain d’un accord passé entre sa formation politique et celles des militaires qui l’avaient renversé en 2006. Le « deal » concocté lundi entre son parti, Pheu Thai (Pour les Thaïs), et ceux créés par l’armée, dont celui du premier ministre sortant, l’ex-général putschiste Prayuth Chan-o-cha, ne trompe personne : il s’agit, à l’évidence, d’un retour négocié en amont.
Pour l’instant, l’accord avec les « diables » de l’establishment militaro-royaliste n’a pas empêché « Faust » d’être immédiatement incarcéré : dès l’atterrissage du jet privé du milliardaire politicien à l’aéroport de Don Muang, « Thaksin », comme tout le monde l’appelle, a été immédiatement conduit au tribunal, puis en prison. En théorie, l’ancien chef du gouvernement devrait purger des peines cumulées de huit ans – pour malversation, prise illégale d’intérêts et autres accusations de corruption – auxquelles il avait été condamné avant et après sa fuite de Thaïlande, en 2008.
Mais nombre d’observateurs s’accordent à penser que M. Shinawatra ne fera sans doute pas de vieux os en détention. Le septuagénaire n’a d’ailleurs pas été placé en cellule mais dans la partie médicalisée de la prison – il souffrirait d’hypertension. Plusieurs options sont avancées par les experts, dans un royaume où ce qui se trame en coulisses est souvent plus déterminant qu’une décision de justice : grâce royale, remise ou réduction des peines, il serait en tout cas fort surprenant, au vu des compromis passés avec les généraux, que celui qui fut naguère l’un des dirigeants les plus influents d’Asie du Sud-Est ne soit pas bientôt élargi.
Trahison politique
Pour certains de ses partisans, ce grand retour a des allures choquantes de trahison politique : même dans une nation où les convictions restent sujettes à accommodements avec le réel, s’allier aux auteurs du putsch qui vous a détrôné défie quand même tous les principes du respect de la vie démocratique. S’il a été accueilli avec effusion à l’aéroport par un important contingent de « chemises rouges », le mouvement de ses partisans, d’autres thuriféraires de l’ancien dirigeant auraient déchiré, ailleurs, des liquettes de même couleur en signe de protestation.
Des internautes ont également ironisé à propos des changements de discours et autres mensonges des caciques du parti de l’ancien dirigeant. La malheureuse sortie d’un partisan de Thaksin suscite des quolibets : le célèbre architecte Duangrit Bunnag avait récemment osé lancer à ceux soupçonnant qu’un compromis négocié entre Pheu Thai et les partis pro-armée était en cours, qu’il était prêt, si une telle prophétie se réalisait, à recevoir « des matières fécales » dans la figure. Pour l’instant, M. Bunnag reste discret.
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