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THAÏLANDE – HISTOIRE : Du Royaume de Siam par Simon de la Loubère

Date de publication : 02/09/2023
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Simon de La Loubère Du royaume de Siam

 

Avec cette chronique issues de nos archives, Xavier Galland, auteur du « Que Sais-je ? n°1095, Histoire de la Thaïlande », présente cette semaine un ouvrage de Simon de La Loubère, « Du Royaume de Siam».

 

Il n’est pas inutile de faire une présentation un peu plus complète de cette œuvre, « classique de la littérature de voyage », car non seulement ce livre reste à ce jour une des meilleures études sur la culture et la civilisation du Siam au XVIIe siècle mais cette culture ayant relativement peu changé depuis cette époque – du moins dans les régions rurales – de nombreuses choses décrites par La Loubère peuvent encore être vues de nos jours hors des grandes agglomérations.

 

Publié en deux volumes à Paris et Amsterdam en 1691, Du Royaume de Siam fut traduit en anglais des 1693 (en un seul volume). Contrairement aux autres livres écrits à la même époque, celui-ci n’a pas pour but d’expliquer les événements dont l’auteur fut témoin lors de son voyage mais de « traiter d’abord du pays de Siam, de son étendue, de sa fertilité, et des qualités de son terroir et de son climat », ainsi que d’expliquer « les mœurs des Siamois en général, et (…) leurs mœurs particulières selon leurs diverses conditions », y compris « le gouvernement et la religion ».

 

Le premier des deux tomes de l’ouvrage comporte trois parties reprenant les thèmes ci-dessus (Siam, mœurs générales, mœurs particulières), elles mêmes subdivisées en plusieurs chapitres, respectivement neuf, quinze et vingt-cinq.

 

La première partie traite de la géographie, de l’histoire, du peuple, des ressources naturelles (mines, forêts, agriculture). Mais il est étonnamment discret quant à la faune du pays. La seconde partie parle des vêtements, habitations, moyens de transport et comportements des Siamois. Sur bien des sujets, elle contient des phrases d’une intemporalité troublante telles que : « il faut qu’ils soient bien persuadés que vous voulez savoir la vérité de quelque chose pour s’enhardir à vous la dire contre ce que vous en pensez » ; « Ils n’ont nul curiosité et n’admirent rien ».

 

« Ils sont orgueilleux avec ceux qui les ménagent, et rampants avec ceux qui les traitent avec hauteur »

 

« La politesse est si grande (…) qu’un Européen qui y a demeuré longtemps a bien de la peine à s’accoutumer derechef aux familiarités et au peu d’égards de l’Europe ». D’autres remarques laissent plutôt rêveur : « L’adultère est rare à Siam, non pas tant parce que le mari a droit de se faire justice de sa femme (…) que parce que les femmes ne sont corrompues ni par oisiveté, (…) ni par le luxe de la table ou des habits, ni par le jeu, ni par les spectacles ». A l’évidence, La Loubère ne considère pas adultères les infidélités des maris.

 

Comme indiqué ci-dessus, la troisième partie traite de l’organisation de la société, et des droits. devoirs et obligations que crée l’appartenance à telle ou telle catégorie sociale. La Loubère y parle, entre autres, de l’esclavage, du gouvernement, de l’armée, de la justice, de la religion et des talapoins (les bonzes).

 

Le second volume de l’ouvrage est une sorte de fourre-tout dans lequel La Loubère insère tout ce qui ne relève pas directement des thèmes du volume I. On y trouve ainsi des chapitres intitulés « Des mesures, des poids et des monnaies de Siam », « Les noms et les jours des mois et des années des Siamois », « Description des principaux fruits de Siam », « Règles de l’astronomie siamoise », etc.

 

Si le premier volume est de la main même de La Loubère, le volume 2 quant à lui n’est souvent que la réunion de documents externes (« Je n’ai presque d’autre part à ce volume que d’en avoir assemblé les pièces. Quelques-unes sont des traductions qui ne sont pas de ma façon, en quelques autres je n’ai presque fait que tenir la plume, quand on m’en a dicté la substance. »)

 

Ce volume contient un texte relatant la vie supposée de Devadatta, cousin du Bouddha. que La Loubère se vit remettre au moment de son départ et qu’il n’a donc pas pu vérifier ni étudier avec l’aide d’un spécialiste. Il présente néanmoins ce texte. par ailleurs fort fantaisiste, comme traduit du Bali (pâli), la langue sacrée du bouddhisme Theravada sur laquelle il fait par la suite quelques remarques – les premières par un Occidental – dans le chapitre qu’il consacre à la langue thaïe et aux divers systèmes graphiques utilisés pour l’écrire.

 

De nos jours, Du Royaume de Siam n’est plus disponible en français que dans l’étude historique et critique qu’en a fait Michel Jacq-Hergoualc’h en 1987.

 

(D) ISBN 2-86538-184-6

 

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1 COMMENTAIRE

  1. Grâce à qui La Loubère a-t-il visité le royaume du Siam ? Grâce au seul Barcalon (premier ministre) “farang” ayant existé dans ce royaume, Constantin Phaulkon, qui avait envoyé une délégation en France (en débarquant à Brest qui en garde de nombreux souvenirs) pour assurer un “accord” avec le roi Louis XIV pour contrer les velléités de colonisation des Pays-Bas. Tout cela est détaillé et romancé dans l’excellente trilogie d’Alex Aylwen appelée “Le Faucon du Siam” disponible en livre de poche (Presse-Pocket). La France n’y brille d’ailleurs pas par sa loyauté…

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