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ASIE – FRANCE : « Le Temps des combats » de Nicolas Sarkozy, deuxième épisode de notre lecture

Date de publication : 07/09/2023
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Livre Sarkozy

 

Notre ami et chroniqueur Yves Carmona, ancien Ambassadeur de France au Laos et au Népal, s’est plongé dans le dernier livre de mémoires de Nicolas Sarkozy. Ils nous livre sa lecture en quatre parties.

 

Seconde partie : Une gouvernance mondiale rénovée

 

Pour autant, cette recension tente d’être objective. M. Sarkozy présente sa vision du monde, souvent juste malgré sa partialité.

 

Pour simplifier, ce sont les formats pluri ou multilatéraux qui permettent les analyses les plus pertinentes. Elles ont d’autant moins manqué que la France, donc M. Sarkozy, présidait en 2011 à la fois le G8 et le G 20. Il y revient à plusieurs reprises puisque ces instances ont le mérite de se réunir régulièrement, seul le G7 ayant connu plusieurs formats successifs : la Russie invitée en 1999 puis « provisoirement » exclue en 2014 après l’occupation illégale de la Crimée.

 

Dès la première page, il s’interroge sur le G20, la mondialisation, le capitalisme : « Je profitai de ce début d’année (NB : 2009) pour essayer de tirer des leçons du cataclysme économique et financier qui s’était abattu sur le monde. (…) je voulais défendre l’idée que le capitalisme exclusivement financier était une trahison du capitalisme économique dans lequel je croyais. Le second était l’affaire des entrepreneurs. Le premier, des spéculateurs. (…) Je veux aussi souligner une conséquence paradoxale de la mondialisation qui, dans le même temps où elle permettait l’émergence assez spectaculaire d’une classe moyenne dans nombre de pays en voie de développement comme la Chine –sans doute pas moins de 400 millions de Chinois peuvent désormais être répertoriés dans cette catégorie ‒, organisait le déclassement parallèle et aussi soudain des classes moyennes appartenant aux pays dits développés. (…) Obtenir la création du G20 avait été une fameuse bataille. »

 

NB : il est vrai que le G 20, qui existe de longue date au niveau des ministres des finances et gouverneurs de banques centrales, a été pour la première fois porté au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement pour faire face à la crise de 2008, mais c’est naturellement une œuvre collective dans laquelle le fer de lance a été le Premier ministre britannique Gordon Brown et non le seul Nicolas Sarkozy qui s’en attribue le mérite.

 

G8 et Égypte : il s’oppose au Président Obama car il demande un « procès équitable » pour le Président déchu Hosni Moubarak. « Quelle ne fut pas ma surprise d’assister à la réaction négative de Barack Obama. Il déclara sans gêne : « Si nous publions ce communiqué, nous allons nous mettre à dos la jeunesse égyptienne. Je suis donc contre ». Le Président français cède.

 

G8 et nucléaire : contre Mme Merkel, il rappelle que « Le Japon n’a pas été victime d’un accident nucléaire à Fukushima, le 11 mars 2011, mais d’un tremblement de terre de niveau 9. Une intensité jamais atteinte dans le pays, qui avait provoqué un gigantesque tsunami. Ceux qui comme moi essayaient de tenir un discours simplement raisonnable avaient fort à faire ».

NB : c’est omettre que sans centrale nucléaire, le tsunami n’aurait pas eu des conséquences aussi tragiques.

 

Présidence du G20, en pleine crise de la dette en Grèce et en Italie : « La grande affaire de ce mois de novembre était la réunion du G20 qui se tenait à Cannes. Il s’agissait du sixième sommet depuis que j’avais eu l’idée de cette nouvelle institution.(…) Le président Obama s’inquiétait lui-même : « Il faut résoudre la crise financière en Europe. » Le président chinois en avait rajouté une bonne couche en affirmant : « C’est à l’Europe de régler le problème de la dette européenne. » Il n’avait pas tort…(…) La Grèce voulait-elle ou non demeurer dans la zone euro ? C’était la seule question à trancher. Nous étions déterminés à ne pas verser un centime à Athènes dans l’attente de la réponse. Les vivres du pays étaient désormais coupés. Ce fut en chancelant que Papandréou quitta la salle.(…) Nous avions dû sacrifier Papandréou et Berlusconi pour tenter de contenir le tsunami d’une crise financière dont l’épicentre était cette fois-ci clairement au cœur de l’Europe.

 

Il y avait eu un autre sujet de discorde qui avait occupé le G20, moins brûlant que la crise financière, mais plus profond : il fallait affirmer la primauté en toutes circonstances et en tous lieux du principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures. Tel était le credo de la Chine, de la Russie, du Brésil, de l’Inde et de l’Afrique du Sud. Cela faisait beaucoup de monde. Je touchais aux limites de l’unité du G20. (…) J’aurais voulu créer un secrétariat général du G20 pour mieux assurer le suivi de ses décisions, que nous abandonnions la règle de l’unanimité pour celle de la majorité afin de conserver l’efficacité de l’instance, et même que nous allongions la durée de la présidence tournante pour donner de la stabilité et permettre une incarnation. J’étais certain que ce nouveau format de discussion du G20 était le bon, mais que son fonctionnement devait être affiné. Encore aujourd’hui, ce chantier reste ouvert. Personne ne s’en est saisi. C’est bien dommage. »

 

Le G 20 a permis que des règles prudentielles soient  mises en place et le Président Sarkozy s’est attaché à ce qu’elles soient respectées dans le cadre d’une gouvernance mondiale rénovée : « Je souhaitais ainsi ouvrir le grand chantier de la rénovation de l’ensemble du système multilatéral. Je dois, hélas, constater que près de quinze années après, il n’a toujours pas commencé, et ce alors même que plus aucune des instances internationales en charge du multilatéralisme n’est aujourd’hui en état de fonctionner juste convenablement.(…) la plupart des pays désignés comme paradis fiscaux ne cessèrent de vouloir sortir de ce statut bien peu enviable, et particulièrement stigmatisant. La pression mondiale était telle que personne ne pouvait y résister. Le temps du secret bancaire était révolu » ce qu’il s’attache à faire admettre aux grands banquiers français (p 199).

 

Prochain épisode : L’Europe face aux crises

 

Retrouvez ici le premier épisode.

 

Yves Carmona

 

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