Les États-Unis de retour au Vietnam ? C’est évident. La rivalité avec la Chine l’impose. Le 10 septembre, le président américain Joe Biden devrait, à Hanoï, franchir encore un palier dans la relation bilatérale.
Depuis 1995, tous les présidents américains sont passés par le pays d’Asie du Sud-Est.
“Depuis des décennies, les États-Unis et le Vietnam travaillent à dépasser le douloureux héritage commun de la guerre du Vietnam”, a expliqué mardi Jake Sullivan, principal conseiller diplomatique de Joe Biden – lequel a d’ailleurs, cette semaine, décoré un vétéran de ce conflit.
Le démocrate de 80 ans, qui participe d’abord au sommet du G20 à New Delhi, a prévu de rencontrer, dimanche à Hanoï, le chef du parti communiste au pouvoir, Nguyen Phu Trong.
Nombre d’experts s’attendent à ce que les États-Unis et le Vietnam concluent un “partenariat stratégique étendu” (“comprehensive strategic partnership”), le plus haut degré de proximité diplomatique établi par Hanoï.
“Cela sonne comme de la langue de bois pour nous autres Américains mais pour le Vietnam, un État communiste avec une hiérarchie diplomatique plutôt rigide, c’est réellement important”, selon Gregory Poling, spécialiste de l’Asie du Sud-Est du Center for strategic and international studies.
Jusqu’ici, le Vietnam n’a lié un tel partenariat qu’avec la Russie, l’Inde, la Corée du Nord, et la Chine.
Et c’est bien la Chine que Joe Biden a en tête avec cette visite, lui qui mène une intense activité diplomatique en Asie afin de tenir tête à la deuxième puissance mondiale.
Laquelle ne reste pas passive : Pékin a dépêché cette semaine une délégation de haut niveau au Vietnam. Selon l’agence d’État Chine Nouvelle, les officiels des deux pays, que des conflits frontaliers ont opposé en 1974 et 1988, ont promis de “renforcer (leur) solidarité et coopération”.
Sa visite intervient peu après la publication d’un rapport sévère de la commission gouvernementale américaine sur la liberté religieuse (USCIRF). Elle dénonce les violations “persistantes et semblant s’aggraver” de la liberté de religion au Vietnam.
Le département d’État américain pointe quant à lui des “problèmes significatifs en matière de droits humains”, avec une longue liste d’exemples : “exécutions illégales ou arbitraires”, “torture” ou encore “prisonniers politiques”.
“Nous soulevons toujours les questions relatives à la liberté d’expression, à la liberté de religion, et à d’autres droits humains fondamentaux. (…) Ce voyage ne fera pas exception”, a assuré Jake Sullivan.
Au Vietnam, les militants ne se font aucune illusion.
“Je n’attends pas de pression sérieuse de la part des Etats-Unis et de l’Union européenne”, déclare Le Cong Dinh, un ancien avocat vietnamien qui a été incarcéré pour subversion. “Ces pays considèrent le Vietnam comme un partenaire stratégique pour leurs politiques de sécurité et commerciale en Asie du Sud-Est (…). La protection des droits humains n’est plus une priorité.”
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