Trois organisations, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) publient un rapport accablant sur le bilan des actes commis par le gouvernement du président Philippin Rodrigo Duterte contre les activistes défenseurs des droits humains. Ce rapport est à lire en intégralité ici.
Sous la Présidence Duterte, les défenseurs des droits humains sont de plus en plus victimes d’assassinats, agressions, menaces et autres formes de harcèlement, détaille dans un rapport publié aujourd’hui l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme.
Ce rapport de 40 pages, intitulé « I’ll kill you along with drug addicts- President Duterte’s war on human rights defenders in the Philippines » documente la dégradation spectaculaire de la situation des militants des droits humains dans le pays, et l’analyse comme conséquence directe des déclarations publiques, actions et politiques menées par le président.
« En même temps qu’il menait sa tristement célèbre « guerre contre la drogue », le Président Duterte déclarait l’ouverture de la chasse aux défenseurs des droits humains aux Philippines. Il est temps que la communauté internationale le presse de mettre fin à cette guerre, et qu’il rende des comptes pour toutes les attaques qu’ils ont enduré » dénonce Debbie Stothard, Secrétaire générale de la FIDH.
Depuis son entrée en fonction le 30 juin 2016, le Président Rodrigo Duterte a, par sa rhétorique grossière contre les droits humains, sa « guerre contre la drogue », l’impunité généralisée pour les violations des droits humains, et l’imposition de la loi martiale depuis mai 2017 sur toute l’île de Mindanao, contribué à créer un environnement de plus en plus hostile pour les défenseurs.
Violente rhétorique
« La violente rhétorique du Président Duterte a créé un climat propice aux attaques contre les défenseurs des droits humains et à ce que leurs coupables ne sont jamais punis. Plutôt que d’encourager ces attaques, menaces, et le harcèlement des défenseurs, Duterte et son administration doivent adopter immédiatement des mesures urgentes pour enquêter sur ces violences et protéger les défenseurs » note Gerald Staberock, Secrétaire général de l’OMCT.
Le nombre de journalistes et de défenseurs de l’environnement et du droit à la terre tués à considérablement augmenté durant sa présidence. Ainsi, entre juillet 2016 et novembre 2018, pas moins de 76 défenseurs de l’environnement et 12 journalistes ont été assassinés. Les militants des droits des travailleurs ont également été ciblés, huit au moins étant assassinés sous la supervision de Duterte.
Le règne des calomnies
Les organisations de la société civile travaillant sur les droits humains ont été calomniées et diabolisées sous gouvernement actuel, et témoignent d’une surveillance accrue, d’actes d’intimidations, menaces, et d’autres formes de harcèlement par les autorités.
De même, des membres de la Commission on Human Rights (CHR) ont été harcelés, alors que l’existence même de la commission était remise en question sous le mandat de Duterte.
Ce dernier attaquant de la même manière les experts des Nations Unies, n’hésitant pas à répandre des calomnies sur ses représentants.
Sur le plan politique, le ministère de la justice a engagé des poursuites pénales contre plusieurs opposants politiques pour avoir effectué des déclarations publiques favorables aux droits humains.
Dans une affaire devenue emblématique, la sénatrice Leila de Lima est détenue sans procès depuis plus de deux ans pour des charges montées de toutes pièces.
Culture de l’impunité
Le Président Duterte a montré un dédain absolu pour les droits humains et l’État de droit en cautionnant, et parfois même en encourageant, les exécutions extrajudiciaires et d’autres graves violations.
Cette attitude a renforcé une culture de l’impunité ancrée dans l’histoire politique des Philippines.
En Février 2018, l’impunité dont bénéficie la « guerre contre la drogue » menée par Duterte fut un des facteurs clés ayant déclenché l’ouverture d’un examen préliminaire par la Cour pénale Internationale (CPI).
Le rapport publié ce jour demande aux autorités philippines de rompre avec la culture dominante d’impunité pour les violations des droits humains, incluant exécutions extra judiciaires et attaques contre ses défenseurs.
Ce qui nécessite de mettre rapidement en œuvre des enquêtes approfondies, impartiales et transparentes sur toutes les allégations d’abus et exactions commis contre des activistes des droits humains.
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