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THAÏLANDE – CHRONIQUE : A Phuket, le festival végétarien n’est pas seulement à couper le souffle

Date de publication : 23/10/2023
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festival végétarien Phuket

 

On est en plein dedans. Jusqu’au 24 octobre, le festival végétarien de Phuket attire les foules de curieux. Notre chroniqueur Patrick Chesneau est un habitué.

 

Une chronique de Patrick Chesneau

 

Très spectaculaire. Surtout à Phuket. Du 15 au 24 octobre. Une tradition d’origine chinoise, avec de multiples apports indiens, qui ne manque pas de piquant. A ne surtout pas louper si vous êtes dans le coin. C’est la manifestation la plus saillante dans le calendrier très fourni des célébrations culturelles particulièrement éclectiques au Royaume de Siam. Un lien avec l’Europe ? A priori aucun si ce n’est peut-être qu’on assiste là à une adaptation théâtralisée au plan régional du célèbre livre “Au fil de l’épée”. Tant il faut une faculté de résistance gaullienne. Une volonté farouche de ne rien céder dans l’épreuve et une grande endurance.

 

Plus véridique encore est la nécessité d’une plongée dans la mythologie de l’Empire du Milieu.

 

Des coutumes ancestrales qui ont essaimé dans toute l’Asie du Sud-Est. Pour faire simple, la fête des neufs dieux empereurs est une célébration taoïste de neuf jours qui débute la veille du neuvième mois lunaire dans le calendrier des mandarins. A l’arrivée, un spectacle truculent, bigarré mais qui fait grincer bien des dents. Il faut s’accrocher. A preuve, il n’est que de voir ces centaines de dévots qui se transpercent. Se perforent. S’embrochent. Des aiguilles enfoncées et qui ressortent de l’autre côté. Les joues trouées. Du piercing puissance 10. L’acupuncture semble une enfilade de caresses à côté. Ici, ce sont des lames et même des sabres plein le corps. De part en part. On a l’impression que les participants s’infligent à dessein d’insoutenables supplices.

 

Stoïcisme ou masochisme oriental ?

 

Les adeptes de ces rites se livrent à des séances collectives de flagellation et d’auto-mutilation. On les appelle les Masong (ม้าทรง en thai). Ils invitent les Dieux à prendre possession de leur corps. En préalable à ces démonstrations de pénitence au goût sacrificiel, ils suivent des rituels dans les temples, censés les protéger et les prémunir contre la douleur. Il n’empêche. Il faut une grande dextérité dans le maniement des ustensiles sinon c’est prendre le risque de visages déchiquetés.

 

Découpés en lamelles. En cubes. En rondelles. La règle de base des festivités, c’est pas de viande. Idéal pour les amateurs de végétaux, les herbivores, les avaleurs de feuilles, les ingéreurs de légumes et les frugivores. Mais attention au maniement des instruments affûtés et contondants. En cours de chorégraphie, les plus novices peuvent facilement s’ensanglanter. Se trancher la langue. Se cisailler quelques papilles gustatives. Se charcuter la cavité buccale. S’extraire une molaire. S’exploser un furoncle. Se dépecer la glotte.

 

Quant aux étrangers, surtout les primo-arrivants non avertis de ces pratiques, ils peuvent évidemment se demander : festival végétarien…pourquoi une telle boucherie ?

 

Patrick Chesneau

 

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