Qui a encore envie de visiter Angkor Wat, ce superbe complexe de temples situé au cœur du Cambodge ? Spontanément, beaucoup de lecteurs de Gavroche répondront positivement. Et ils ont raison. Le site, splendide, magnifique, mérite le détour. Mieux : le nouvel aéroport flambant neuf de Siem Reap permet désormais de s’y rendre encore plus facilement depuis les capitales asiatiques. Mais interrogeons-nous : cette ruée sur Angkor est elle tenable ? Ne risque t-elle pas d’aboutir au pire, en termes de surconsommation touristique ?
Le dilemme n’est pas seulement posé pour Angkor Wat. Le pire serait d’y répondre sans réfléchir. Ceux qui ont eu la chance de visiter ses monuments à l’époque où l’on pouvait se promener seul dans les ruines majestueuses ont bien sûr des pincements au cœur. La question est celle du tourisme durable, supportable aussi pour les populations locales expulsés des sites, comme le révèle un nouveau rapport d’Amnesty International.
Angkor Wat est bien plus qu’un site touristique et qu’une attraction rémunératrice. Les autorités cambodgiennes doivent, au-delà de son exploitation commerciale, raisonner en termes culturels, éducatifs, muséographiques. Le grand gâchis n’est pas sûr. Évitons le avant qu’il ne soit trop tard !
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Tourisme de masse, la question ?
Au Cambodge comme ailleurs le tourisme de masse a des effets pervers, c’est peu de le dire !
Je suis allé au Cambodge aux alentours de 2000 et une une deuxième fois vers 2017… En 2000, La région Siem Reap, Angkor et Banteay Srei, était fréquentable sans bousculade pour se promener dans la ville et visiter paisiblement les temples. A cette époque, il y avait malheureusement beaucoup d’unijambistes dans la population locale, mais la population était présente partout et on pouvait faire une promenade agréable sur le Tonlay Sap. En 2017, je suis allé à Angkor en passant par le coté Est, l’Ouest étant encombré avant le lever du soleil par une foule impressionnante qui faisait une longue file d’attente pour pénétrer dans Angkor Vat. A Banteay Srei, obligation de faire la queue derrière des centaines de Chinois et de Japonais dans un sens unique qui ne permettait qu’un seul passage et pas de rêverie ! Mais des selfies en masse ! Un désastre. Le côté positif, c’est le développement des restaurations, sauf celle des Chinois qui ressemble plutôt à une reconstruction, c’est l’accès à beaucoup d’autres monuments, où la végétation a été allégée et les mines enlevées, émouvant ; et autour de ces derniers aucun tourisme de masse. Ces temples éparpillés ne sont pas sélectionnés par l’Unesco… C’est un problème majeur, car le label Unesco qui a servi à faire connaître des merveilles dans le monde entier et a permis de les sauvegarder, est devenu un handicap, en ce sens que ça devient la cible des tour opérateurs du monde entier et particulièrement des Chinois. On comprend que ce type de tourisme sert essentiellement à permettre au “voyageur”, dans des voyages éclairs, de réaliser un selfie devant le monument qu’il faut avoir vu… C’est devenu un très grave problème, ne serait-ce que par l’usure des monuments eux-mêmes par la “horde sauvage”. Il me semble que ces pays et ces lieux méritent mieux que ces “tours de grande consommation”. C’est aux pays qui reçoivent d’anticiper et de réfléchir aux moyens pour mettre en œuvre une pédagogie pour pérenniser ces lieux et ne pas détruire la poule aux œufs d’or.
Concernant Angkor, j y suis allé en 1990 alors que j’étais en poste à Phuket avec l’agence Exotissimo. Nous devions être 6 au plus sur le site qui gardait son caractère mystérieux et féerique. Il fallait passer par Saïgon.avec 2 nuits à l’hôtel “cu long “. ( Majestic dans son jus). Retour Phnom Penh Saïgon en taxi individuel. Je vous laisse imaginer le sentiment que j’ai d ‘voir été plus que privilégié quand je vois l’engouement actuel. Je passe sur l’essor de Phuket que je connais depuis 35 ans. Jean Boulbet serait outré. Et c est pas fini …..
Évidement. Il ne sert à rien de visiter Angkor Vat si l’on assimile pas la “culture” – je n’aime pas ce mot – je préférerais dire “enseignement” – qui va avec. Un ami “cultive” me disait que pour bien assimiler l’enseignement des églises romanes du Brionais (Saône-et-Loire) il fallait les visiter avec une voiture à âne. En d’autres termes rien ne se fait sans la lenteur. Ce n’est pas en installant des pizzerias à Angkor que l’on élèvera l’âme de l’homme.
Bonjour, toujours intéressant ce “Gavroche ” ! Lu au Vietnam, je trouve que le panorama d’informations sur l’Indochine est complet ! Les références a Angkor Wat m’interpellent, en tant qu’ancien résident du royaume en 1991-1994… Bientôt 30 ans donc. Il était alors bien aventureux de se rendre à Siemreap et ensuite voir les monuments dont le lointain Banteay Srei (cause khmers rouges !). Mais que de souvenirs authentiques, alors qu’il y avait peu de visiteurs ! Par la suite ,”Ils” auraient voulu faire des illuminations à Angkor, carrément un Disneyland !!! L’horreur. Encore que le précédent HUN a bien vendu Sihanoukville aux chinois ! C’est clair,je n’irais plus à Angkor, me mélanger aux centaines de milliers de touristes envahisseurs ! Horrible ! Bien à vous. Continuez ! JP