GAVROCHE HEBDO – ÉDITORIAL : Peut-on soutenir le Hamas (comme le fait la Malaisie) ?
Gavroche n’a pas vocation à commenter des événements géopolitiques qui se déroulent loin des frontières de l’Asie du Sud-Est. Un quotidien d’information généraliste régional doit d’abord se pencher sur ce qui se passe à sa porte, et ce qui bouleverse le quotidien des populations locales. Et pourtant : certaines questions échappent à cette catégorie et nous concernent tout de même. Le Hamas, la cause palestinienne, et le destin du Proche Orient en font partie. Surtout lorsqu’un pays de l’ASEAN choisit de se distinguer de ses partenaires pour apporter, dans la guerre à Gaza, un soutien presque inconditionnel au Hamas : la Malaisie.
Ce soutien est officiellement justifié par la solidarité musulmane et par la dénonciation du double langage occidental. Le premier ministre malaisien d’Anwar Ibrahim l’a dit publiquement : dénoncer l’assaut de la Russie contre l’Ukraine et ne pas se mobiliser pour soutenir le Hamas assiégé est inacceptable. Et bien non ! Anwar Ibrahim, ex opposant sauvé des geôles de son pays par la mobilisation internationale, a absolument tort. Le Hamas est, dans cette guerre, l’incontestable agresseur. Cela ne veut pas dire du tout que la cause palestinienne est illégitime. Au contraire. Cela ne revient pas non à justifier la politique d’oppression d’Israël envers les Palestiniens. Il s’agit juste de faits. Le Hamas a choisi le terrorisme comme arme de guerre. Ses commandos ont tué sans discernement. Le mot « pogrom », au vu des exactions commises contre les civils israéliens, n’est pas injustifié. Non, cher Anwar Ibrahim, l’Occident n’est, sur ce sujet, pas tombé dans le piège du double discours !
Le double discours, au contraire, est celui de la Malaisie d’aujourd’hui. Qui s’est mobilisé pour que la démocratie soit restaurée dans le pays ? Qui a soutenu Anwar, injustement embastillé pour sodomie, pendant ses années d’errance politique ? L’actuel premier ministre malaisien a raison quand il pointe les incohérences de l’Occident. Mais il a tort dans ce cas. Jamais la paix ne se construira sur le soutien au terrorisme. Les pays d’Asie du Sud-Est, avec leur économie dynamique et ouverte, ont sans doute un rôle à jouer pour soutenir les Palestiniens, et convaincre Israël d’accepter une solution à deux États.
Ils n’ont rien à gagner, en revanche, à imiter le négationnisme populiste des islamistes malaisiens.