Une chronique de Patrick Chesneau.
Est-ce une provocation ? Ce dégradé de bleu. Ce nuancier chromatique extrême. De l’azur à l’indigo. En toile de fond, que dire de ces géants qui jaillissent de l’immensité liquide ? Alignement de protubérances impavides en mer Andaman.
Le panache des cocotiers au tronc anguleux frissonne dans la brise venue du large. Presque imperceptibles, les effluves marins sont porteurs des nouvelles d’autres continents. Avec eux, le lointain se rapproche. Pourtant aux antipodes, des rivages symétriques s’interpellent. Se répondent en circumnavigation. Comment la rétine peut-elle endurer tant de beauté convoquée en un seul lieu ?
Voilà qui marque l’entrée en fanfare dans le royaume de l’indicible. On s’en rend compte vraiment quand l’émotion tutoie soudain l’ineffable. A ce stade, l’esthétisme d’une nature aussi prolifique en intensité est un supplice. Peu d’humains en réchappent. Encore moins nombreux sont ceux qui ressortent indemnes d’une telle épreuve.
Avoir goûté aux délices de la Thaïlande, c’est signer sa perte. Nulle part ailleurs désormais on ne peut étancher les soifs persistantes de pureté visuelle inhérentes à tous les terriens.
Patrick Chesneau
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