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BIRMANIE – SOCIÉTÉ : Des religions et des hommes

Date de publication : 14/01/2024
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dessin Chroniques diplomatiques Birmanie 1954

 

Notre article sur l’ouvrage Chroniques diplomatiques. Birmanie 1954 a suscité des commentaires. Nous publions ici celui de notre lecteur Gino Arieta.

 

Le Catholicisme n’a pas été amené en Birmanie par les français en 1856 mais bien par les portugais 300 ans plus tôt (Arakan, Monywa, Bago, Thanlyin-Syriam, etc.) les baingyi (Luso-descendants) de ses régions en témoignent encore ; les royaumes de l’Arakan n’ont pas tous été musulmans ; Aung San n’est pas le grand-père d’ASSK mais bien le père !

 

Et comme toujours avec Gavroche, vos réactions sont notre carburant. Cette plate forme est la votre ! Notre ami et collaborateur François Guilbert répond.

 

Merci pour vos remarques historiques très fondées ; n’hésitez pas à nous faire connaître vos commentaires. A dire vrai, pour ce qui concerne le volume 2 des Chroniques diplomatiques,les ambitions pédagogiques de cette bande dessinée n’ont été que partiellement remplies. C’est d’ailleurs la raison qui m’a poussée dans mon commentaire de lecture à dire que les « historiens et les politologues pointilleux pourront avoir à y redire ».

 

Certaines erreurs auraient pu être corrigées facilement par une relecture plus attentive. Daw Aung San Suu Kyi a ainsi été présentée comme étant la petite-fille du général Aung San (pages 24 et 55) et à juste titre comme sa fille un peu plus loin, là aussi par deux fois, dans les fiches historiques à la fin du volume.

 

Dans le récit, on trouve également des maladresses géographiques. A vouloir prendre en compte concomitamment les réalités passées et le temps présent, les auteurs se sont parfois pris les pieds dans le tapis. Les cartes des pages 6 et 7 renvoient à l’après-guerre or à cette époque le Bangladesh n’existe pas alors comme État constitué et personne n’aurait eu en ce temps l’idée d’inscrire la capitale d’aujourd’hui Nay Pyi Taw sur une carte. La manière de présenter l’entité vietnamienne avant 1954 est aussi contestable.

 

Au titre des approximations, on relèvera également l’emploi du titre d’ambassadeur pour qualifier le chef de la mission diplomatique française au lendemain de l’indépendance. Au cours des décennies 40 et 50, on ne parlait alors que de ministre résident ou d’Envoyé extraordinaire de la République. Le premier diplomate en Birmanie à avoir été dénommé ambassadeur de France fut Robert Morel-Francoz en janvier 1962. Par ailleurs, la France n’a pas été le premier pays à avoir une légation à Rangoun, la plaque minéralogique apposé sur les véhicules français l’atteste d’ailleurs encore aujourd’hui avec leur numéro 4.

 

Sur certains points politique ou religieux, la narration a aussi manqué de rigueur. Laisser penser comme à la page 6 que les Kachins sont principalement catholiques est une contre-vérité, les catholiques romains ne constituent même pas la majorité des chrétiens kachins. Quant à dire un peu plus loin dans le texte qu’il y avait sur le territoire birman des territoires alliés à l’URSS et d’autres à la République populaire de Chine, on ne voit pas bien à quoi les auteurs font référence. L’amalgame de la résistance karen avec la mouvance communiste est également plus qu’un raccourci.

 

Enfin dans le domaine religieux, au-delà de vos très justes remarques, on soulignera également que Mgr Joseph U Win ne fut pas le premier archevêque autochtone de Mandalay (page 54). Son prédécesseur Mgr Aloysius Moses U Ba Khin exerça en effet cette même charge de 1965 à 1978.

 

Au final on ne saurait mésestimer ces imperfections, à fortiori dans un manuscrit se voulant un pont bien construit entre le passé et le présent, mais j’ai voulu surtout retenir, en évoquant ces Chroniques diplomatiques, la construction d’une fiction en bande-dessinée permettant au plus grand nombre d’être attentif aux réalités contemporaines de la Birmanie, celles des violences intercommunautaires et de forces armées prédatrices depuis des décennies. Si je crois que l’on peut se montrer « indulgent » vis-à-vis de ceux qui s’y essaient par la voie du roman, de nouvelles ou de la bandes-dessinées, je suis tenté de l’être beaucoup moins vis-à-vis d’essais ou d’ouvrages académiques. Nous aurons l’occasion d’y revenir prochainement en rendant compte de manuscrits à vocation plus encyclopédique et/ou universitaire.

 

François Guilbert

 

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