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Suis-je le seul à en avoir assez des annonces incessantes, des promesses réitérées (alors que les caisses de l’État sont vides, dixit le ministre des Finances), et des incantations médiatiques d’Emmanuel Macron et de son nouveau Premier ministre ?
Franchement, qui peut croire que la meilleure manière de gouverner sérieusement un pays comme la France est de bourdonner sur le terrain chaque jour, comme l’a promis Gabriel Attal, ce sémillant chef de gouvernement de 34 ans ? Et qui pense encore que les déclarations du président, ce mardi 16 janvier, lors d’une conférence de presse nocturne à l’Élysée, vont donner pour de bon au pays un nouveau cap avant de se rendre à Davos pour y vanter l’attractivité hexagonale ?
La vérité est que la politique française au plus haut niveau s’enfonce dangereusement dans le virtuel. La preuve ? A force de jongler avec les noms et de concocter des castings ministériels pour occuper les écrans des chaînes d’information en continu, le «terrain» revient déjà en boomerang.
Personne n’avait donc pris le temps de briefer Amélie Oudéa-Castera, la nouvelle ministre de l’Éducation nationale (auparavant chargée des sports et des Jeux olympiques) sur l’importance de l’enseignement public, où elle s’est bien gardée de ne pas laisser ses enfants, préférant pour eux le plus huppé des établissements scolaires parisiens ?
Personne, non plus, pour s’inquiéter, dans l’enceinte du palais présidentiel, des difficultés judiciaires possibles pour Rachida Dati, la nouvelle ministre de la Culture, mise en examen depuis 2021 pour « corruption passive par agent d’une organisation internationale, trafic d’influence passif, recel d’abus de pouvoir et recel d’abus de confiance » ?
Le spectacle n’est plus au cinéma
Le pire est, peut-être, qu’une bonne partie des Français sont en train d’accepter ces pratiques politiques. Le spectacle n’est plus au cinéma. Il n’est plus au théâtre. Il est, sur les chaînes d’information continue, celui que vous proposent chaque jour les metteurs en scène ou les communicants de l’Élysée, de Matignon. A ce soir, devant votre écran…
Bonne lecture, et (Bella) Ciao!
(Pour débattre: richard.werly@ringier.ch)
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Un expert suisse pratiquant l’humour suisse nous dit : la politique, c’est dire qu’on va faire, ne rien faire, et dire qu’on a fait”. C’est assez clair.
Monsieur Werly, vous n’êtes pas le seul… Le dernier épisode de ce “bourdonnement” quotidien s’est produit à Clichy-sous-Bois. La sacralisation de Rachida Dati en forme d”icône” par une spectatrice aux ordres et pas si improvisée, tant le laïus semblait bien préparé. L’icône, muette comme le sont les déesses, s’est exprimée sous forme de ventriloquie par la bouche présidentielle. Une scène en forme d’adoubement et de sacre. La scène s’est produite dans l’épicentre des émeutes de 2005, moment flambant de la sarkozie, dans une forme de “clin d’œil” au “parrain”. La réplique qui eut lieu en 2023 tétanise nos élites qui, de dénis en dénégations, arriveraient presque, à force d'”explications” à la comprendre, puis à la justifier puis à l’encenser notamment en omettant d’en exposer ses caractéristiques principales… Un nouveau gadget, façon Sarkosy, vient d’être exhibé en forme d’ostensoir, l’ostensoir Dati. Les émeutes à venir seront-elles conjurées par cette séquence médiatique qui tient la durée d’un film ? Mais après tout le cinéma c’est de la culture ! L’opération semble tenir, comme souvent en macronie, de la mentalité magique comme celle, pourtant adoubée, de celle qui prétend que la disparition des abayas améliorera le niveau des mathématiques dans nos classes. Madame Dati jouera t-elle son rôle d’extincteur à la façon naguère du karcher ? La Dame est plutôt réputée pour allumer les feux sans crier (ou plutôt en criant) gare et sans qu’on puisse prévoir où. Des feux qui, à la faveur d’une étincelle, illuminent les nuits en mortiers d’artifices. Le pari est risqué mais, dans la situation actuelle il ne peut qu’être pris. L’espoir macroniste, qui consiste à “faire feu de tous bois”, consiste à siphonner comme naguère les shadoks pompaient. Rachida Dati en est l’icône : siphonner l’électorat LR, oubliant sa dénonciation, il y a peu, des “traitres” et dans cette “séquence 9.3,” mettre le feu à la plaine” en séduisant, dans une scène de derviche tourneur, l’électorat réputé “communautaire” mélenchonniste et neutraliser les abstentionnistes supposés nombreux. L’accent mis sur la culture dont cette Dame est désormais réputée la gardienne et le porte-étendard est-elle la culture française puisque celle-ci, aux dires de son mentor, n’existerait pas ? la “culture pour tous” ou la culture du 9.3 ?
Au dela des annonces incessantes, des promesses réitérées (il faut ajouter de gascon) et des incantations médiatiques, il y a lieu de s’offusquer du mensonge dont la promesse non tenue n’est qu’une variante. Tétanisée par l’idée que la macronie déroule, au bout de dix ans de mandat, un tapis rouge à Marine Le Pen, le procédé de l’inversion accusatoire est déployé dans toutes les largeurs par ses tenants. L'”extrême-droite”, concentré de lexique réputé répulsif et nauséabond, et plus spécialement le programme du RN (assimilé par glissement fielleux au FN) est présenté, dans la dernière conférence de presse d’E.M., comme un programme de pauvreté et de mensonge. Depuis 2017, le nombre de pauvres n’a jamais été aussi élevé depuis le début de la 5ème république. Les prélèvements de toute nature sont l’un des plus élevés de l’OCDE et nombre de services publics ont atteint le stade du coma… et pas que celui de la santé. Le régime des aides, fort développé s’adresse aux sans revenus et revenus très faibles mais pas à ceux qui sont légèrement au dessus. La catégorie des “travailleurs – pauvres” est en voie d’ascension surtout dans les familles monoparentales. Mais surtout le phénomène d’appauvrissement ne cesse de croitre. Les nombreuses études sur les “classes moyennes” font état d’un “déclassement” progressif mais net. Déclassement accéléré par une inflation forte et une crise grave du logement. La moitié d’une population certes différenciée selon le niveau de revenu qui s’exprime désormais et de plus en plus dans les partis dits d'”extrême droite” ou s’abstient. Un programme mensongé est-il asséné, version plus moralement stigmatisée, que celle constamment rappelée d’incompétence”supposée. L’accusation, pure prétérition, n’est pas vraiment audible, le RN n’ayant jamais exercé de responsabilité. E.M., dans sa dernière prestation onaniste s’en va jusqu’à convoquer la situation allemande et, d’un sous entendu suggéré mais appuyé, évoque la perspective d’une résurrection du “péril brun” en passe de contaminer la France. Un deuxième pèlerinage à Oradour-sur-Glane ne peut être utilisé deux fois. L’exemple italien de Giorgia Meloni est constamment exhibé mais pas sur le terrain de l’incompétence, celle-ci s’étant rangée sur un programme de centre-droit tout macronien devenu, lui et depuis peu, moins centriste. Madame Oudéa-Castéra (AOC) est en passe d’être l’emblème du mensonge en politique. Ce n’est pas un exemple pour l’éducation de ses enfants élevés dans une école catholique où les thérapies de conversion sont préconisées. Mais elle ne va pas à la messe, dit-elle… Cette ministre à qui a été attribué un tiers de temps la charge de l’éducation nationale nous explique, dès que nommée, que l’un de ses fils a du quitter l’établissement public dont lequel il était inscrit en raison de l’absentéisme du personnel, un “paquet d’heures” non effectuées dit-elle dans une expression bien bureaucratique macronienne. L’enquête rapidement faite révèle le mensonge de la ministre qui changea de trottoir pour placer sa progéniture dans un établissement qui, lui, ne s’opposait pas au passe-droit qui lui fut refusé. Ce qui est reproché à l’école primaire ainsi clouée au pilori, rassemblant l’ensemble du secteur public de l’éducation et tous ceux qui la font vivre, parents et élèves compris, est d’avoir respecté les règles de l’école publique et de na pas avoir cédé (les faits remonteraient à une dizaine d’années) aux multiples pressions que l’école publique subit actuellement et souvent les menaces. AOC était précoce dans un comportement qui est depuis devenu répandu. Soit AOC ment soit, ne se rappelant plus clairement les raisons de l’évènement personnel qu’elle relate, elle embouche le discours obligé sur l’absentéisme des enseignants. La question des remplacements ne se réduit à l’absentéisme que parce que le nombre d’enseignants et insuffisant et que l’absentéisme, d’ailleurs non vérifié, est sans doute corrélé aux conditions d’exercice de leur métier. Il n’est pas plus élevé que chez les forces de l’ordre. Une ministre qui ment et:ou qui ignore tout de la réalité du terrain dont elle prétend avoir la responsabilité et surtout l’irresponsabilité de ceux qui lui ont confié cette tâche.
Et puisque notre ami helvète évoque charitablement les épines judiciaires de Madame Dati, une innovation, mot fétiche de la macronnie, est à noter : Il pouvait jusque là arriver qu’un ministre, ou un équivalent, soit mis en examen mais pendant ses fonctions, le pot aux roses ayant été découvert ou révélé postérieurement à sa nomination. Désormais, on nomme une ministre déjà mise en examen. La Dame n’est pas en reste, lestée de ses attributs et décorations certes toutes potentielles, que notre ami éditorialiste s’ingénie, avec gourmandise, à énumérer, elle affiche effrontément et dans ses façons “cash”, sans limites et sans sur-moi sa candidature à la mairie de Paris. Plus disruptif que Lui tu meurs… Pour résumer le tapis rouge est minutieusement déroulé…
Et puisque, avec Richard Werly et “pour que la France reste la France” comme “Il” dit, et que tout, en France, finit par des chansons, je me peux m’empêcher d’écouter, en boucle, J. Hallyday et son inoubliable “Gabrielle” ….