Le Laos, pays enclavé d’Asie du Sud-Est, mise sur ses paysages naturels et son patrimoine historique pour attirer les touristes. Luang Prabang, ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO et joyau du pays, attire les visiteurs avec ses temples anciens, ses paysages pittoresques et son ambiance paisible.
Cependant, un projet de barrage hydroélectrique à 25 kilomètres en amont de la ville menace son statut et soulève des questions sur l’avenir du tourisme dans la région.
Un Mékong transformé en “masse d’eau morte”
Selon Brian Eyler, expert du Stimson Center, le barrage de Luang Prabang transformera le Mékong en une “masse d’eau morte”. Les touristes ne pourront plus admirer le fleuve puissant et observer les interactions des Laotiens avec celui-ci. La pêche, la navigation locale et le commerce fluvial, éléments importants de la vie quotidienne et du patrimoine local, disparaîtront.
Risques sismiques et souvenirs tragiques
La construction du barrage à proximité d’une ligne de faille active inquiète les habitants. Somphone, opérateur de bateau à Luang Prabang, se souvient du tragique effondrement d’un autre barrage au Laos en 2018, causant de nombreux morts et des milliers de déplacés.
L’UNESCO préoccupée, le Laos inflexible
L’UNESCO a exprimé ses inquiétudes concernant le projet, notamment son impact sur les bâtiments historiques et les zones humides protégées. Un rapport du Laos est attendu. Le débat sur l’inscription de Luang Prabang sur la liste des sites en péril aura lieu en juillet à New Delhi.
Malgré les critiques, la construction du barrage continue. Le paysage est transformé par les pelleteuses et les déchets de l’usine, laissant entrevoir un avenir incertain pour le tourisme à Luang Prabang.
Un tourisme artificiel au détriment de l’authenticité
La transformation du Mékong en un lac artificiel risque de dénaturer l’expérience des touristes et de nuire à l’attractivité de Luang Prabang. Le tourisme artificiel qui pourrait en découler ne remplacerait pas la beauté naturelle et la richesse culturelle qui font le charme de la ville.
Le projet de barrage de Luang Prabang met en lumière le dilemme entre développement économique et préservation de l’environnement et du patrimoine. L’avenir du tourisme dans la région dépendra de la capacité du Laos à trouver un équilibre entre ces deux impératifs.
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Bonjour,
Le titre dit déjà l’essentiel : c’est le tourisme qui serait menacé par l’implantation de barrages au Laos.
L’auteur, se référant à un « expert », Brian Eyler, oppose beauté naturelle qui ferait le charme de Luang Prabang et tourisme artificiel. Mais cela fait bien longtemps que l’ancienne capitale royale est en proie au tourisme de masse, qui rapporte à certains, alors que les barrages produisent de l’électricité, facteur important de développement du pays. Cela ne signifie pas bien sûr qu’il faille construire n’importe quoi n’importe comment, mais l’article ne dit rien de la manière dont le gouvernement laotien pourrait résoudre le dilemme. Les pays développés, dont la France, ont aussi vécu des catastrophes dues à des effondrements de barrages, mais ont continué d’en construire car ils avaient faim d’énergie et celle-ci est renouvelable. Les Laotiens n’y auraient pas droit car cela troublerait la tranquillité des touristes ?
L’article conclut ainsi : « L’avenir du tourisme dans la région dépendra de la capacité du Laos à trouver un équilibre entre ces deux impératifs » Certes, mais cet article n’est pas équilibré, c’est bien dommage.
Yves Carmona, ancien ambassadeur de France au Laos.