Nous reproduisons ici un article de France Info.
Dans le documentaire ” Je ne suis pas chinetoque “, la journaliste Emilie Tran-Nguyen retrace l’histoire du racisme anti-asiatique depuis des décennies en France.
“Les Chinois ? Ce sont des gens petits, jaunes, avec des yeux en amande, qui sourient toujours”, “Ils mangent du chien, des tortues”, “Tu parles bien français, pour une Asiatique”, “Grain de riz”, “Face de citron”, “Vous vous ressemblez tous”… Ces petites phrases, entendues parfois dès l’école, dessinent les contours d’un racisme qui a longtemps été minoré en France. Une discrimination sourde dont souffrent de nombreux membres de la communauté asiatique et qui a parfois des conséquences dramatiques.
Le documentaire Je ne suis pas chinetoque : histoire du racisme anti-asiatique, réalisé par la journaliste Emilie Tran-Nguyen, présentatrice sur franceinfo, et diffusé dimanche 4 février à 21 heures sur France 5, cherche à comprendre les racines de ce racisme ordinaire en donnant la parole à des Français d’origine chinoise, cambodgienne, laotienne… La journaliste d’origine vietnamienne retrace aussi l’histoire de sa propre famille pour dénoncer les stéréotypes raciaux dont elle a été victime.
Le film, qui revient sur les discriminations et agressions visant les personnes d’origine asiatique depuis l’épidémie de Covid-19, met également en lumière la désinvolture avec laquelle ce racisme est traité. En cause, les a priori “positifs” dont bénéficient les Asiatiques, souvent considérés comme étant “travailleurs et discrets”. Une minorité “modèle”, en quelque sorte, mais qui reste en proie à une défiance et dont ont été victimes, en silence, les premières générations contraintes de s’installer en France au début des années 1950.
“C’était horrible”
Alors que la guerre d’Indochine (le Vietnam, Laos, et Cambodge aujourd’hui) s’achève, des centaines de réfugiés asiatiques, qui ont combattu aux côtés des Français, sont obligés de fuir leur pays et arrivent dans l’Hexagone en 1954. Une vague migratoire qui inquiète et que la France décide de parquer dans des camps.
“On devait les ramener, c’était en gros l’acte moral à la fin du conflit. (…) Mais on ne peut pas non plus les intégrer au cœur de nos vies. On considère qu’ils sont quand même différents.”
Ces rapatriés sont regroupés dans des zones rurales reculées. La peur du “péril jaune”, terme à connotation raciste apparu en France en 1901, est omniprésente dans les esprits. “Les habitants de ces camps n’ont pas forcément le lien, ni l’opportunité, ni la possibilité en fait d’entrer en interaction avec les riverains, les villageois. Ils sont complètement coupés du monde extérieur”, confirme le sociologue Simeng Wang dans le documentaire.
Ces villages sont surveillés de près par la police ou par l’armée, empêchant ces rapatriés d’Indochine de circuler à leur guise. Certains d’entre eux y passeront leur vie. Madeleine Mariani avait 10 ans lorsqu’elle arrive en France avec sa mère, ses frères et ses sœurs. “On a atterri à Noyant-d’Allier (Auvergne), avec le reste des rapatriés, confie-t-elle dans le documentaire. C’était horrible.”
“Un petit village d’Auvergne, qui n’avait jamais vu d’étrangers, voit débarquer tous ces gens. Ça a été le rejet total. (…) Les autres enfants se moquaient de nous, si on voulait jouer avec eux.”
Ce racisme est devenu un peu plus diffus, moins frontal, au fil des années. Mais si les précédentes générations ne s’autorisaient pas à dénoncer cette xénophobie, il n’en est plus de même de leurs enfants ou petits enfants. Les Français d’origine asiatique n’hésitent plus à faire entendre leurs voix et à signaler l’hostilité à laquelle ils font parfois face.
Le documentaire Je ne suis pas chinetoque : histoire du racisme anti-asiatique, réalisé par Emilie Tran-Nguyen, est diffusé dimanche 4 février à 21 heures sur France 5 et sur la plateforme France.tv.
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En Thaïlande également, je ne suis pas Farang ou Bule en Indonésie… C’est le retour du berger à la bergère, quoi de plus normal !