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BIRMANIE – CONFLIT : Aide humanitaire thaïlandaise, conscription birmane

Date de publication : 19/02/2024
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queue ambassade de Thaïlande Rangoun

 

Une analyse de François Guilbert

 

Prenez le temps de lire ce point de situation très précis de notre analyste spécialisé sur la Birmanie. Gavroche, la plate forme d’informations qui va, grâce à ses experts, au delà de la simple actualité.

 

Pour tenter de trouver une voie de sortie négociée à la crise dans laquelle s’enfonce la Birmanie pour la quatrième année consécutive, la Thaïlande voit dans l’acheminement d’aides humanitaires aux populations déplacées un premier pas.

 

Après avoir présenté sa méthode à ses pairs de l’ASEAN lors de la ministérielle de Luang Prabang (28 – 29 janvier), le ministre des Affaires étrangères Parnpree Bahiddha-Nukara s’est employé à convaincre ses interlocuteurs régionaux (Chine, Inde) et américains. Il a dépêché son Secrétaire d’État à New Delhi, a reçu le Conseiller d’État Wang Yi et s’est rendu à Washington pour s’entretenir avec le Secrétaire d’État A. Blinken. Le ministre Parnpree proclame haut et fort que cette aide est apolitique, tournée vers des populations dans le besoin, mais son objet même est des plus politiques puisqu’elle est conçue comme un des modes de mise œuvre des 5 points de consensus agréés par les dirigeants de l’ASEAN en avril 2021.

 

Des premiers lots humanitaires en mars, délivrés loin des combats

 

Dans un premier temps, il s’agira d’apporter des aides alimentaires et des soins médicaux à 20 000 personnes sises de l’autre côté de la frontière. Ces concours seront mis en œuvre par les sociétés nationales de la Croix Rouge birmane et thaïlandaise et supervisés par le Centre de coordination de l’aide humanitaire de l’ASEAN (AHA) ; une manière habile d’impliquer l’ASEAN mais sans lui donner un rôle premier. Ils bénéficieront à des populations déplacées (nombre : nc) et aux communautés environnantes (nombre : nc) mais loin des zones d’affrontements les plus chaudes. Une aide dans tous les cas de figure bienvenue tant les populations se sont appauvries ces trois dernières années et manquent souvent de tout. Cette perspective heureuse ne doit pas, pour autant, laisser de côté les interrogations politiques soulevées par cette évergésie thaïlandaise aux contours encore très flous.

 

A ce stade, auprès des populations dans le besoin, aucun autre intervenant n’est envisagé, ni du côté des agences spécialisées des Nations unies, ni du côté des organisations non gouvernementales internationales. Ces acteurs seront pourtant indispensables s’il faut conduire une action à la hauteur des immenses besoins.

 

Pour preuve que l’opération pourrait connaître des prolongements dans le temps et/ou l’espace, un centre de coordination de l’aide devrait voir le jour du côté de Mae Sot. Pour le volet financier d’une opération qui peut rapidement devenir coûteuse, le Secrétaire général de l’ASEAN a été chargé de se préparer à lever des fonds auprès de partenaires étrangers. Aucun montant n’a été jusqu’ici avancé publiquement. On sait seulement que Bangkok voudrait bien voir ses partenaires aseaniens mettre la main au portefeuille. Pour le ministre Parnpree, il s’agit de montrer qu’il ne fait pas cavalier seul comme son prédécesseur à la tête de la diplomatie thaïlandaise. D’autres généreux donateurs extra-aseaniens pourraient être également sollicités tels le Japon, la Norvège, la Suisse voire l’Union européenne.

 

En attendant une conférence des bailleurs, les premiers frais seront couverts par la partie thaïlandaise. Si tout se déroule sans obstacles majeurs, les projets pilotes devraient commencer au cours du mois prochain. Leur ampleur et leur impact humanitaire n’en sont pas moins très incertains. 3 – 4 villages aurait été identifiés. Ils seraient tous à moins de cent mètres de la frontière internationale. Si cette géographie des distributions devait se confirmer, on serait bien loin d’une opération en profondeur impliquant de nombreuses parties au conflit.

 

L’inquiétude est d’autant plus prégnante que l’on ne sait pas vraiment ce que pensent les généraux birmans du projet thaïlandais dans son ensemble et s’ils ont posé des conditions à sa mise en œuvre. Rappelons-nous qu’elles furent nombreuses et pénalisantes pour venir en aide l’année dernière aux victimes du cyclone MOCHA (p.m. transit des biens donnés par Rangoun, acheminements supervisés par les autorités civiles et militaires à la main des putschistes…).

 

La Thaïlande précise son plan humanitaire, la junte tait ses intentions

 

Depuis trois semaines, la junte reste totalement muette sur le sujet. Aucun de ses chefs ne l’a évoqué publiquement. La presse aux ordres se tait tout autant. Des fonctionnaires sous l’autorité du Conseil de l’administration de l’État (SAC) se sont pourtant rendus en mission à Bangkok à la mi-janvier pour discuter des modalités de l’opération. Il serait donc très présomptueux, à ce jour, de considérer l’opération humanitaire à venir comme une prémisse d’un dialogue multi-acteurs de sortie de crise.

 

Les plus suspicieux des observateurs et des soutiens au camp des démocrates birmans ne manquent pas de relever que le gouvernement de Srettha Thavisin n’a conçu la première étape de son projet que comme une phase de (re)mise en confiance de la junte. S’il est très probable que les officiels thaïlandais aient eu des contacts avec des leaders karens, ils se sont bien gardés de prendre langue avec les représentants du gouvernement d’opposition (NUG) et ses hauts responsables vivant semi-officiellement en Thaïlande ou susceptibles d’y accéder rapidement depuis leurs bases arrière en Birmanie. Cet écueil laisse planer des doutes sur la disponibilité du gouvernement de Srettha Thavisin à se lancer dans une manœuvre inclusive permettant de sortir des conflits armés allumés par le SAC depuis le printemps 2021.

 

Les plus sceptiques voit dans la manœuvre humanitaire engagée une manière de ramener à la table de l’ASEAN les deux principaux dirigeants de la junte qui en ont été exclus depuis novembre 2021 : le général Min Aung Hlaing et son ministre des Affaires étrangères. Le calendrier esquissé par Bangkok peut le laisser craindre. La phase 2 de l’action évergétique devrait être engagée à l’été 2024. Or à la mi-juillet, les dirigeants de l’ASEAN se retrouveront pour leurs sommets annuels à 9 ou 10 et avec leurs partenaires étrangers du Forum régional de l’ASEAN. Si la première phase conduite avec les Croix Rouge se déroule de manière nominale du point de vue de Bangkok, le Royaume pourrait bien être tenté de faire pression sur ses 8 partenaires aseaniens pour que ceux-ci se montrent ouverts à une invitation des chefs de la junte ou l’un de ses représentants politiques.

 

Sans garantie que le SAC se montre bienveillant à une aide humanitaire grandissante et respectueuse des standards internationaux de mise en œuvre, la Thaïlande ne perd pas de vue que derrière les objectifs humanitaires se cachent des objectifs plus politiques, la désescalade de la violence et un dialogue de réconciliation nationale. C’est pourquoi, Bangkok semble ne pas vouloir fermer la porte à des contacts avec le gouvernement de l’opposition démocratique. Le vice-ministre aux Affaires étrangères Sihasak Phuangketkeow a laissé entendre qu’il pourrait prendre l’attache à New York avec le représentant permanent birman auprès de l’ONU, l’ambassadeur Kyaw Moe Tun rallié au NUG.

 

Mais alors que la diplomatie thaïlandaise se mobilise avec énergie pour mettre en œuvre rapidement son plan humanitaire, le SAC lui répond par des bruits de bottes. Signe que la Tatmadaw n’est pas disposée à une pause humanitaire d’ampleur, elle vient de faire savoir urbi et orbi que seule une victoire militaire compte à ses yeux. Non seulement la Tatmadaw poursuit ses actions violentes dans la région de Sagaing mais elle compte bien se renforcer en milliers d’hommes et de femmes dans les mois qui viennent.

 

La junte décrète la conscription de 120 000 hommes et femmes dans les deux ans

 

Remettant au goût du jour une loi de 1959, le général Min Aung Hlaing a décidé la conscription des hommes de 18 à 35 ans et les femmes de 18 à 27 ans. Les appels sous les drapeaux commenceront dès la fin des vacances du nouvel an bouddhiste à la mi-avril. Le premier contingent devrait compter 5 000 personnes, l’objectif étant de mobiliser 60 000 hommes et femmes par an.

 

Selon le dernier recensement, le bassin de recrutement est 6,3 millions d’hommes et 7,7 millions de femmes. Le service national sera de deux ans, voire un peu plus long, 5 ans puisque la Birmanie sous le régime de l’état d’urgence, pour les médecins, les ingénieurs et les techniciens. Ces catégories seront d’ailleurs mobilisables jusqu’à 40 ans pour les hommes et 35 ans pour les femmes. En fixant à 2% le vivier des mobilisables sur l’ensemble des tranches d’âges concernées, la Tatmadaw envisage donc d’aller jusqu’à 280 000 nouveaux enrôlés, soit plus de la moitié des de ses effectifs théoriques d’aujourd’hui. Une manière comme une autre de dire aux insurgés que le SAC est disposé à mobiliser en masse pour se maintenir, coûte que coûte, au pouvoir.

 

Le dispositif d’enrôlement se met d’ores et déjà en place. Sous l’égide du ministre de la défense et du chef d’état-major des armées un comité national de pilotage a été mis sur pied (18 membres). Il se déclinera à chacun des niveaux administratifs du pays. Les recrues seront informées de leur sort par courrier. Elles devront se présenter au centre d’enrôlement de leur canton. Leur parcours commencera par une visite médicale puis, si elles aptes, par trois mois d’instruction. Ceux qui chercheront à échapper à leurs obligations militaires seront passibles de 3 ans d’emprisonnement voire 5 ans s’ils feignent une maladie ou se mutilent.

 

Ces mesures suscitent actuellement dans la société une grande vague d’anxiété. Beaucoup se demandent comment échapper à un enrôlement qui pourrait bien se traduire, en dépit des dénégations du porte-parole du régime, par un envoi sur le front.

 

Trois options semblent immédiatement se présenter aux réfractaires.

 

La première : corrompre les autorités administratives chargées du recrutement. Cela ne sera peut-être pas pour déplaire à beaucoup. Voilà une nouvelle source de revenus pour le corps des officiers et les fonctionnaires de la direction des affaires générales (GAD). Deuxième mécanisme d’éviction : l’émigration. Celle-ci le SAC l’a manifestement prise en compte. Le 13 février, les agences de recrutement pour les emplois à l’étranger ont reçu instruction de cesser l’envoi de tout nouvel contractant. C’est un flux qui vient de se tarir de 500 à 800 travailleurs vers la Thaïlande par jour, auquel s’ajoutaient 200 à 300 à destination d’autres pays principalement d’Asie (ex. Corée du sud, Malaisie, Singapour). La troisième voie d’échappement : rejoindre les combattants anti-régime. Tout en dénonçant l’illégitime de la décision du SAC, le NUG n’a pas caché qu’il s’organise d’ores et déjà pour accueillir les réfractaires. Les groupes ethniques armés distillent depuis quelques jours les mêmes messages de bienvenue.

 

Une junte dans une recherche effrénée de soldats

 

L’activation le 10 février de la loi sur le service militaire (PMSL), établie par le général Ne Win il y a 65 ans, reflète combien la Tatmadaw manque aujourd’hui de soldats.

 

L’offensive lancée par l’Alliance des 3 fraternité le 27 octobre dernier l’a mis en lumière mais, depuis deux ans, le SAC multiplie les initiatives pour trouver, vaille que vaille, des hommes. Pour se faire, elle a distribué des armes à ses affidés du parti et à de nouveaux groupes miliciens fraichement mis sur pied mais cela n’a pas amené sur les théâtres d’opération une capacité combattante significative. L’amnistie des soldats incarcérés pour désertion ou manquements graves aux règlements n’a pas non plus été d’un franc succès. On peut d’ailleurs se demander si la PMSL va, elle aussi, changer la donne. Former des hommes et des femmes à l’action guerrière dans une société où les opposants au régime en place sont très largement majoritaires n’est il pas sans risque pour l’avenir du régime du général Min Aung Hlaing ?

 

Enrôler au minimum 60 000 personnels par an pour un service de deux ans est un objectif ambitieux. Non seulement pour s’assurer de la loyauté dans les casernes et sur le terrain de jeunes gens à qui des armes vont être confiés mais la Tatmadaw est-elle matériellement prête à cet afflux ? Certes, les régiments sont loin d’être depuis des années à pleins effectifs mais il va falloir loger, nourrir, transporter, équiper tous les nouveaux venus. Cela aura un coût. Sur le budget 2024, rien n’a été programmé pour accueillir au bas mot 40 000 recrues. Le SAC subit les événements, ils ne les maitrisent en rien. De nouveaux arbitrages financiers vont donc devoir être opérés, y compris au ministère de la Défense. Mais il ne fait aucun doute que ce seront les dépenses sociales qui, une fois encore, auront à en pâtir.

 

Au-delà de l’effet budgétaire, qu’elle va être la conséquence opérationnelle de ces arrivées ? Puisqu’il est annoncé une instruction sur un trimestre, la Tatmadaw va donc devoir se départir d’officiers et de sous-officiers pour encadrer les conscrits. Autant d’hommes et de femmes qui ne pourront pas être engagés au même moment sur le terrain or l’armée manque déjà de combattants professionnels. Même en mettant sur pied une formation accélérée, la disponibilité opérationnelle ne pourra à court terme que diminuer dans certains régiments. Cela ne plaide pas pour de prochaines vastes opérations de reconquête.

 

Dans les mois qui viennent, il est très vraisemblable que la Tatmadaw va devoir poursuivre sa stratégie du « hérisson », se recroqueviller sur ses postes barricadés en provinces et conduire des offensives que dans quelques lieux où le terrain lui paraîtra favorable. Une tactique qui poussera l’état-major à poursuivre ses intenses bombardements aériens et tirs d’artillerie à l’aveugle dont on connait le terrible potentiel victimaire pour les populations civiles. Toutefois, les décisions de ces derniers jours vont permettre le retour dans les rangs de quelques soldats aguerris.

 

Concomitamment à la PMSL, le général Min Aung Hlaing a décidé de rappeler sous les drapeaux des hommes et des femmes ayant quittés l’uniforme ces cinq dernières années. Aucun objectif chiffré n’a été rendu public mais les rappels au titre du Reserve Force Act sont des ordres puisqu’y déroger exposera les contrevenants à des peines de prison (3 ans). Parmi ces personnels déjà blanchis sous le harnais, il n’est pas certains que l’on manifestera un enthousiasme spontané. Se ré-enrôler, même si une sur-rémunération est prévue, ne sera pas sans risque existentiel pour ces hommes, ces femmes et leurs familles. Le risque de se voir déployer au front est réel. L’état-ajour n’hésite pas à dépêcher dans des postes isolés ou en premier ligne des soldats âgés. Servir un régime impopulaire, à l’efficacité militaire incertaine, méprisant pour ses hommes de rang n’est pas des plus attractif.

 

La conscription forcée n’est pas plus populaire dans les territoires sous le contrôle des groupes ethniques. Elle s’y pratique là aussi communément. Dans le Kokang, pour tenir les territoires conquis depuis la fin de l’année dernière, l’Armée de l’alliance démocratique nationale du Myanmar (MNDAA) y a recours très officiellement, y compris en enrôlant des jeunes de moins de 18 ans désignés par les administrateurs territoriaux et/ou leurs familles par quotas de garçons.

 

Émotions et incertitudes devant l’avenir

 

L’introduction brutale de la conscription à l’échelle nationale est un choc pour la société. La décision a pris tout le monde par surprise. Certes, cela fait des années que l’idée est évoquée de temps à autres. Cela l’a été, y compris, dans les dernières années du gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi, la Tatmadaw ne cachant pas déjà son appétence en la matière. Dans une société plus apaisée, la conscription aurait peut-être pu servir à faciliter le lien armée – Nation, de creuset entre hommes et femmes de groupes ethniques différents, d’instrument d’aménagement du territoire mais son adoption en pleine guerre civile est une ineptie.

 

Les conscrits savent qu’ils sont appelés sous les drapeaux pour combattre les leurs, ceux que le régime militaire appelle les « terroristes ». Ils ne sont pas enrôlés pour s’opposer à un ennemi extérieur réel ou fantasmé. Ils seront choisis pour partie sur une base ethnique. Plus qu’ailleurs, la Tatmadaw ira chercher ses soldats dans les régions de Mandalay, de Nay Pyi Taw, de Rangoun et de l’Ayyeyarwady, les zones rurales plus que les grandes villes. Ici, comme lors d’autres décisions de la junte, les fondements de la politique publique et le modus operandi ne sont pas clairement énoncés. Cela concourt à leur rejet massif par le corps social.

 

L’inquiétude est d’autant plus grande que les familles craignent que leurs jeunes soient enrôlés de force, interpellé lors de rafles. Cette peur est si prégnante qu’elle modifie les comportements sociaux. Cela peut être pour un temps court mais, aujourd’hui, les jeunes se voient conseillés par leurs proches de ne pas sortir le soir, de se méfier plus encore des check-points et des terminaux de transport.

 

Certaines mesures d’autoprotection s’estomperont avec le temps. Les réfractaires comprendront très vite, par exemple, qu’il n’est pas nécessaire de se précipiter dans les monastères pour prendre la robe. Certes, les moines seront exemptés du service militaire mais il leur faudra prouver que leurs engagements religieux ne sont pas récents. In fine, c’est peut-être chez les jeunes filles que les comportements vont changer le plus. Depuis le coup d’État, nombre de femmes en situation de se marier ont retardé leurs noces, de peur de fonder une famille dans une situation politique si troublée mais dorénavant le statut d’épouse confère la possibilité de ne pas être appelée, ce qui peu changer le choix de certains couples.

 

Pour l’heure, les familles et les entreprises vont apprendre à vivre avec cette nouvelle contingence imposée par la junte. Les enrôlements du printemps et de l’automne 2024 donneront une idée de la manière d’opérer de la junte et de sa capacité à mettre à exécution ce qu’il faut bien appeler une de ses réformes les plus importantes depuis son installation au pouvoir en février 2021.

 

Une chose est sûre, cet acte de guerrier est bien éloigné des gestes de conciliation attendus par ceux qui par-delà les frontières se font les promoteurs d’un engagement du SAC par la voie humanitaire. La Thaïlande est mise de fait en porte-à-faux. C’est si vrai qu’elle doit maintenant se prémunir des effets négatifs de cette décision pour son territoire. Craignant d’être rapidement confronté à un exode massif de jeunes birmans, l’ambassade de Thaïlande à Rangoun vient de faire savoir qu’elle ne peut pas traiter plus de 400 demandes de visa par jour ; les plus empressés chercheront à franchir la frontière illégalement. La fuite des cerveaux, de familles avec des adolescents et l’exploitation de ceux décidés à partir à tout prix risquent de vivre de riches heures encore.

 

François Guilbert

 

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