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Made in Bangladesh

Date de publication : 21/02/2024
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La cuisine du Bangladesh enfin racontée, mais en anglais, une chronique culinaire de François Guilbert.

 

Promotrice sur Youtube et dans les colonnes de la presse britannique de la cuisine du Bangladesh, Dina Begum publie son premier panorama gastronomique du pays qui l’a vue naître. Immigrée au Royaume uni à sa tendre enfance, elle avait toutefois déjà rédigé un premier manuscrit sur son pays d’adoption et ses liens avec le sous-continent indien. Edité en 2018 (Brick Lane Cookbook, Kitchen Press, 240 p), il dépeignait l’artère emblématique de la communauté bangladaise de l’est londonien. Un axe en voie de gentrification mais demeure très fréquenté par toutes les communautés venues d’Asie méridionale. Son nouvel ouvrage est plus ambitieux et plus personnel. L’autrice s’est faite le chantre de sa culture culinaire trop souvent présentée sous le vocable d’indienne.

 

Avec passion, elle exprime ici son enthousiasme pour les plats de tous les jours, leurs saveurs, leur simplicité, leur modularité. En contant son expérience de chacun, elle partage avec gourmandise son expérience familiale et la décline de manière pratique pour des tablées de 4 à 6 personnes.

 

Si Dina Begum s’exprime en missionnaire de la gastronomie bengalie, elle veut également en fixer la mémoire.

 

Elle s’y emploie par ses écrits et ses images. Elle craint que les savoir-faire bangladais demeurent enfermés dans les frontières du Bangladesh mais, bien pire, qu’ils s’estompent parmi les familles migrantes. C’est pourquoi, ce livre vise autant les expatriés en Angleterre que les curieux souhaitant découvrir de riches patrimoines trop mal connus. Sans surprise, nombre des recettes retenues sont issues des pratiques familiales et de son berceau dans la division de Sylhet au nord-est du Bangladesh. Une région connue pour ses plantations de thé.

 

Toutes les recettes présentées démontrent ô combien l’adage selon lequel le poisson et le riz font le Bengali est pour le moins réducteur, et cela quelque soit la place éminente de ces deux ingrédients dans la consommation quotidienne. Amoureuse de son terroir, Dina Begum a voulu montrer comment sa culture culinaire est intimement liée aux autres formes d’expressions artistiques et du temps.

 

Elle a donc choisi de découper son ouvrage en six chapitres, soit le nombre des saisons qui rythment la vie des villes et des villages du Bangladesh (été, mousson, automne, fin de l’automne, hiver, printemps). Cette segmentation découle du calendrier autochtone fixant le nouvel an au 14 avril, jour férié au cours duquel la population célèbre le festival « Pahela Baishakh ». Au côté des fêtes (ex. Barsha Utsab (Salutations de la mousson), Pitha Utshob (Hiver) ) sont dépeintes également quelques-unes des influences extérieures, à l’image de celles apportées par l’Empire Moghol (cf. Faluda, Kacchi Biryani,…). Curieusement, l’islam et ses temps forts sont peu mis en valeur. La place des praxis des minorités (ex. Bihari, Chakma, Garo, Khasi, Munda, Oraon, Santhal) sont également occultées, à commencer par celle des Meitei implantés dans la région natale de la commentatrice.

 

Les plats décrits ont été chaque fois photographiés dans leur état final.

 

Ils sont tous caractéristiques des saisons, des légumes et des fruits du moment. Si les cuisiniers résidant en Asie du sud-est ou à Londres n’auront pas trop de difficultés à se procurer tous les ingrédients nécessaires à la réalisation des plats retenus, pas sûr que ceux qui sont dans l’hexagone les trouveront si facilement, sauf à s’en remettre à des grossistes installés de l’autre côté de la Manche. L’autrice a toutefois pris soin, de-ci de-là, d’indiquer des produits de substitution commun sous les latitudes européennes. Mais en se focalisant pour chaque recette sur les multiples combinaisons incrémentales, la narratrice jongle avec des références en bengali qui déboussoleront les lecteurs les moins familiers de la langue du polymathe Rabindranath Tagore (1861 – 1941). A ce titre, un glossaire aurait été des plus utiles. Quelle que soit la qualité de l’index qui clôture le manuscrit et d’un livre joliment fait !

 

Dina Begum : Made in Bangladesh, Hardie Grant Books, Londres, 2023, 255 p

 

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