En Asie, la participation des femmes à l’emploi formel, leur représentation politique, leurs résultats en matière de santé et leurs résultats scolaires diminuent pendant et après les périodes de crise économique, ce qui a un impact négatif à long terme sur la formation du capital humain des femmes et sur leur sécurité économique.
La gravité de l’impact sur les femmes et l’égalité des sexes dépend de l’ampleur et de la profondeur de la crise. Les crises multidimensionnelles ont l’impact le plus fort sur l’égalité socio-économique et la sécurité économique des femmes. Or la crise COVID-19 a déjà provoqué une contraction mondiale immédiate de l’offre et de la demande économiques. Et en Asie, il est plus facile de licencier les femmes, supposées moins résister.
L’Organisation internationale du travail estime que la réduction du temps de travail au niveau mondial au cours du deuxième trimestre 2020 équivaudra à 305 millions d’emplois à temps plein.
Les premières données montrent que les femmes sont les plus touchées par la crise immédiate.
Les exigences de distanciation sociale et la fermeture des frontières nationales ont fait que les secteurs fortement féminisés, notamment le commerce de détail, l’hébergement, les services de restauration, le tourisme et l’industrie manufacturière orientée vers l’exportation, ont été les plus touchés.
Des centaines de millions de femmes employées dans ces secteurs ont été licenciées au cours du premier mois de la crise et d’autres le seront par la suite.
L’impact sur les femmes en Asie a été particulièrement dur, avec la fermeture de milliers d’usines textiles employant des millions de femmes au Bangladesh, au Myanmar, au Cambodge, au Vietnam, en Indonésie et en Corée du Sud, suite à l’interruption des chaînes d’approvisionnement.
Les licenciements devraient s’aggraver avec des rapports faisant état de grandes entreprises d’habillement sur les marchés d’exportation comme l’Australie qui annulent des commandes, retardent des paiements ou demandent des remises sur des millions de dollars de marchandises.
La crise a eu un impact immédiat et dévastateur sur les femmes employées dans l’économie informelle à travers l’Asie.
La Banque asiatique de développement estime que les petites et moyennes entreprises représentent 96 % de toutes les entreprises en Asie.
Déjà très vulnérables et n’ayant généralement pas accès aux prestations de protection sociale, les entreprises féminines ont connu une contraction immédiate, laissant des millions de ménages exposés à la pauvreté.
Cela a entraîné une crise dans le domaine des soins, en particulier là où les écoles et les garderies ont été fermées à grande échelle et où les entreprises ont exigé des travailleurs qu’ils travaillent à domicile.
L’inégalité entre les sexes s’est donc intensifiée au sein des foyers, et les premières données montrent que ce sont les femmes qui supportent le plus gros de la charge des soins.
En Asie de l’Est et du Sud-Est, la participation des femmes âgées de 25 à 54 ans à la population active est passée de 78 % à 76 % au cours des deux dernières décennies.
Les femmes étant représentées de manière disproportionnée dans les secteurs les plus touchés par les pertes d’emploi actuelles, ce taux va probablement continuer à baisser.
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